Myocardite chez les jeunes et vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna): les Etats-Unis rendent leur verdict

Après Israël au début du mois, c’est au tour des Etats-Unis de rendre compte de leur étude sur le possible lien entre les vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna) et les cas de myocardite détectés chez certains jeunes vaccinés. Leurs conclusions sont similaires à celles tirées par l’Etat hébreu.

Pendant plusieurs semaines, un groupe de sécurité des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a étudié les cas d’inflammation cardiaque survenus après des injections de vaccins Pfizer et Moderna.

Ils ont expliqué avoir recensé un peu plus de 1.2000 cas de myocardite (inflammation du muscle cardiaque) ou de péricardite (inflammation de la membrane qui entoure le cœur). Ceux-ci sont principalement survenus chez des personnes de moins de 30 ans, et plus souvent chez les hommes que chez les femmes.

D’après les scientifiques américains, le lien entre les vaccins et ces problèmes de santé est « probable ».

Quelle fréquence ?

Voici les chiffres américains, en détails, arrêtés au 11 juin:

  • 267 cas de myocardite ou de péricardite ont été signalés après l’administration d’une première dose d’un vaccin à ARNm.
  • 827 cas ont été signalés après l’administration d’une deuxième dose d’un vaccin à ARNm.
  • 132 cas ont été signalés sans que pour le nombre de doses ne soit connu.
  • Environ 300 millions de vaccins ont été administrés au cours de cette période, au total, aux USA.

« Il s’agit encore d’un événement rare », a commenté le Dr Tom Shimabukuro. « Pour les deux vaccins combinés, on a enregistré 12,6 cas d’inflammation cardiaque par million de doses. Les cas étaient plus fréquents chez les personnes ayant reçu le vaccin Moderna, soit 19,8 cas par million, contre 8 cas par million pour le vaccin Pfizer », a-t-il précisé.

Quelle gravité ?

La plupart de ces cas de myocardite et de péricardite ont été observés chez des personnes de moins de 30 ans. Pour la grande majorité d’entre elles, ces inflammations cardiaques se sont avérées bénignes.

Voici les chiffres, en détails:

  • Sur les 323 cas de myocardite observés chez des personnes de moins de 30 ans, 309 ont conduit à une hospitalisation, 14 non.
  • Ces hospitalisations ont été très courtes: un jour de durée médiane.
  • Sur les 309 personnes hospitalisées, 295 ont pu quitter l’hôpital.
  • Au 11 juin, 9 personnes étaient toujours hospitalisées, dont 2 en soins intensifs.
  • Aucun décès n’a été signalé.
  • Il manque des données pour 5 personnes hospitalisées.
  • 79% des personnes hospitalisées sont totalement guéries.

« Seul un nombre extrêmement faible de personnes en souffriront après avoir été vaccinées. Il est important de noter que pour les jeunes qui en souffrent, la plupart des cas sont bénins et les personnes se rétablissent souvent d’elles-mêmes ou avec un traitement minimal. En outre, nous savons que la myocardite et la péricardite sont beaucoup plus fréquentes en cas d’infection par le COVID-19, et que les risques pour le cœur liés à l’infection par le COVID-19 peuvent être plus graves », a souligné le Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis.

Les experts concluent donc que les bénéfices du vaccin l’emportent sur les risques.

« Il n’y a pas de proposition de risque zéro. Si vous recherchez statistiquement ce qui est le plus sûr, les données s’accumulent actuellement [pour montrer] que les vaccins sont absolument la voie la plus sûre », a assuré le Dr Brian Feingold, directeur médical du programme de transplantation cardiaque à l’Hôpital pour enfants de Pittsburgh.

Précautions

S’il s’agit d’un effet secondaire rare, celui-ci sera toutefois bientôt ajouté dans la liste des avertissements présents dans les fiches d’information sur les vaccins à ARNm, a fait savoir la Food and Drug Administration (FDA).

« Sur la base des données disponibles, une mise en garde dans les fiches d’information, tant pour les prestataires de soins de santé que pour les personnes vaccinées et les soignants, serait justifiée dans cette situation », a déclaré Doran Fink, directeur adjoint de la division des vaccins de la FDA, cité par Politico.

Les symptômes de ces inflammations cardiaques consistent en des douleurs thoraciques et en un essoufflement. Ils apparaissent surtout dans la semaine qui suit la vaccination, principalement au quatrième jour suivant l’injection.

Si une personne soupçonne qu’elle souffre d’une myocardite ou d’une péricardite, il lui est conseillé de se rendre chez son médecin ou aux urgences. Des examens permettront d’établir un diagnostic. Si l’inflammation est survenue suite à l’injection de la première dose, il sera préférable d’attendre que le cœur soit totalement rétabli avant de recevoir la seconde.

La question des doses de rappel en suspens

Lors de leur conférence, les responsables des CDC ont également abordé la question des doses de rappel, qui, pour les patrons des firmes ayant conçu les vaccins, seraient quasiment inévitables.

Les CDC ont déclaré qu’ils n’avaient pour l’instant pas de preuve qu’il faudrait administrer une telle dose supplémentaire. Cette possibilité n’est toutefois bien sûr pas exclue. Les experts américains attendent de voir si, dans les prochains mois, le nombre de personnes vaccinées qui sont tout de même contaminées par le Covid-19 augmente.

Les scientifiques américains ont également souligné qu’ils devaient encore étudier davantage les effets secondaires des vaccins et examiner si l’administration d’une dose de rappel est bien sûre.

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