Alors que le CNS s’est penché ce mercredi sur un nouvel assouplissement des mesures adoptées pour contenir l’épidémie de Covid-19, la question du port obligatoire du masque dans les commerces fait débat. Bien que cette mesure soit plébiscitée par les épidémiologistes, elle n’est que ‘fortement recommandée’ par le gouvernement belge. À l’heure où une grande partie des pays touchés a déjà marqué un retour à la vie normale, la question reste vague, tant chez nous que chez nos voisins.
Si la ministre de la Santé, Maggie de Block, a affirmé a plusieurs reprises, dans le passé, que le port du masque chirurgical par la population n’était ‘pas nécessaire’, le Collège de Médecine générale belge et ses confrères du monde entier le recommandent fortement. C’est aussi ce qui a été discuté ce matin au Conseil National de sécurité.
Il est vrai que, jusqu’ici, les politiques oscillent entre recommandations et obligations. Pourtant, le Covid-19 a tué officiellement au moins 472.173 personnes dans le monde et plus de 9 millions de cas ont été recensés. Les experts restent convaincus que le masque est indispensable pour stopper la progression de l’épidémie. Ce lundi, le virologue Marc Van Ranst déclarait notamment sur Twitter qu’il était ‘favorable à ce qu’on rende obligatoire le port du masque dans les centres commerciaux et les magasins’. Emmanuel André a également corroboré ces propos avec une étude financée par l’ OMS et publiée sur The Lancet, datant de début juin, qui porte sur l’impact des gestes barrière sur la contamination.
L’analyse révèle que la distance physique et le masque préviennent les contaminations mais qu’aucune mesure n’est parfaite, d’où l’importance de combiner les gestes barrière. La transmission du virus étant plus faible à partir d’une distance de 1 mètre, le risque de contaminations se voit d’autant plus diminué avec le port du masque et de lunettes (pour rappel, certaines souches du virus sont aussi transmissibles par les yeux).
Pourtant, tous les pays ne l’ont pas rendu obligatoire dans les commerces. Tour d’horizon.
En Europe
- Belgique: pour l’heure, le masque est obligatoire dans les transports en commun. Des bourgmestres ont toutefois fait le choix de l’imposer dans certaines communes. À Etterbeek, toute personne de plus de 12 ans doit porter un masque dans les lieux où il est ‘impossible de respecter une distance de 1m50 entre les personnes’, indique l’ordonnance, ce qui inclut aussi les commerces. Des mesures similaires ont été appliquées aux communes de Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Pierre, Saint-Josse-ten-Noode, Pepinster, Dour, Honnelles, Quiévrain et Hensies.
- France: de la même manière que le port du masque n’est pas obligatoire dans la rue, il ne l’est pas non plus dans les magasins. Tout comme en Belgique, il a été recommandé aux commerces de suivre une gestion du flux des personnes. Le Premier ministre Édouard Philippe a cependant déclaré, lors de son allocution du 28 avril, qu’un commerce pouvait imposer le port du masque à ses clients s’il constate qu’il n’est pas en mesure de garantir les distances de sécurité imposées.
- Pays-Bas: le masque est obligatoire dans les transports en commun. Recommandé dans les commerces, il n’est donc pas imposé aux citoyens lorsqu’ils effectuent leurs achats.
- Allemagne: alors que l’Allemagne doit actuellement faire face à une deuxième vague de contaminations dans quelques zones, par exemple à Guetersloh, une région située à l’ouest de l’Allemagne, le masque obligatoire s’y est généralisé depuis fin avril, notamment à Berlin, ce qui le rend obligatoire dans les commerces.
- Pologne: la politique menée par la Pologne est plus stricte. L’État avait fait le choix, le 23 avril, de rendre le port du masque obligatoire partout: au travail, dans la rue, dans les commerces et les transports. Ces mesures ont été assouplies début juin. ‘Il y aura une règle générale: dans les espaces publics, si possible, il faudra garder une distance de deux mètres et le port du masque ne sera pas obligatoire. Si deux personnes marchent côte à côte il est toujours recommandé de porter des masques’, avait déclaré le Premier ministre M. Morawiecki aux médias. Depuis le 6 juin, le port du masque reste cependant obligatoire dans les cinémas, les théâtres, les salles de concert ou de sports, les piscines, et les salons de massage qui pourront rouvrir au public.
- Italie: dans le pays le plus touché d’Europe par l’épidémie, le port du masque a été déclaré indispensable depuis le 4 mai au travail, dans les commerces et dans les transports en commun. La Lombardie et la Toscane l’ont même rendu obligatoire pour sortir de chez soi. Aujourd’hui, comme l’indique le site des affaires étrangères, le port du masque reste obligatoire dans les ‘espaces publics clos’ et dans les transports en commun.
- Espagne: mi-avril, les masques étaient ‘conseillés’ mais ‘pas obligatoires’. Le gouvernement a néanmoins opté pour un durcissement de ces mesures le 21 mai, rendant le masque obligatoire sur la voie publique et dans les lieux clos, si la distance ne peut être maintenue. Cette règle s’applique à tous les citoyens, à l’exception des personnes qui sortent d’une activité sportive, (le masque pouvant les empêcher de reprendre leur souffle), et les enfants de moins de 6 ans.
- Portugal: le pays a confirmé une hausse du nombre de foyers de contagion au Covid-19 ces deniers jours, principalement dans la région de Lisbonne. Selon les données officielles, entre le 21 mai et le 21 juin dernier, 9.221 nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés dans le pays, dont 85% dans la région de Lisbonne et la vallée du Tage. Le port du masque dans les commerces y est actuellement obligatoire.
- Suisse: jusqu’ici, les politiques se sont montrés réticents au port du masque. Il reste recommandé dans les ‘transports en commun’. Le conseil fédéral n’a pas souhaité imposer le port du masque dans les espaces publics ou les magasins. Toutefois, comme en France, il appartient aux responsables des commerces de soumettre leurs propres plans de protection. Le gouvernement a jugé inutile d’imposer cette mesure à la population car selon lui, il est possible d’y garder une ‘distance suffisante’.
Aux États-Unis
Les États-Unis enregistrent à ce jour 122.985 décès depuis le début de la pandémie. Le port du masque est obligatoire dans les transports en commun, sur la voie publique et dans les commerces de Los Angles depuis le 14 mai. Il en est de même à New York, une des zones les plus touchées, où l’on déplore 30.927 décès. Face aux chiffres qui sont à nouveau en hausse dans plusieurs États, (les chiffres ont augmenté de 35% depuis la semaine dernière), Washington a décidé hier d’étendre cette obligation et de généraliser le port du masque obligatoire dans les commerces, et cela dans le but de contenir l’épidémie. D’après Reuters, pas moins de 10 États auraient déjà signalé une recrudescence du virus.
En Asie
En Asie, où l’inquiétude règne en raison d’une deuxième vague de contaminations, le masque a toujours été perçu comme un geste de protection du quotidien, indispensable en période de pandémie. En Chine, bien que le berceau de l’épidémie ait dû faire face à une pénurie de masques, ce dernier reste obligatoire dans les transports en commun, les lieux publics et les commerces. La Corée du Sud, deuxième pays asiatiques le plus touché par l’épidémie, était parvenue à endiguer la progression du virus grâce ses dizaines de milliers de tests disponibles, ses gels hydrolalcoliques distribués gratuitement dans le métro. Le port du masque est recommandé dans les commerces mais ne s’impose pas si la distanciation sociale peut être respectée. Il reste toutefois de rigueur dans les bus, les métros et les trains.
En Amérique latine
Cette région du monde qui se voit actuellement confrontée à des chiffres en hausse, avec plus de 2 millions de cas confirmés au Covid-19, a vu le masque être rendu obligatoire en Colombie, en Équateur, au Venezuela au Salvador et à Cuba.
En Afrique
Le port du masque est devenu obligatoire depuis le mois d’avril dans les espaces publics, dont les commerces, de certains pays d’Afrique centrale. Pas moins de 306.567 cas confirmés ont été recensés parmi tous les pays du continent, l’Afrique du Sud étant le pays le plus touché.