Manifestations aux États-Unis: la police de Minneapolis va être ‘démantelée’, une décision historique

Les membres du conseil municipal de la ville où a été tué George Floyd ont annoncé leur intention ‘d’abolir’ les services de police et de les remplacer par un ‘modèle alternatif’. Un geste tout bonnement historique.

Le meurtre présumé de George Floyd par le policier Derek Chauvin à Minneapolis a provoqué une série de manifestations dans la ville, l’État puis tout le pays. Il pourrait aujourd’hui mener à un mouvement aussi symbolique qu’inattendu: le démantèlement des services de police de Minneapolis.

Les conseillers municipaux de la ville s’y sont en tout cas engagés ce dimanche, annonçant les substituer par un nouveau système de sécurité publique dont on ignore encore les détails. Une victoire sans précédent pour les militants abolitionnistes qui luttent depuis longtemps pour démanteler la police et les prisons.

‘À Minneapolis et dans les villes américaines, il est clair que notre système de maintien de l’ordre n’assure pas la sécurité de nos communautés’, a déclaré Lisa Bender, présidente du conseil municipal de Minneapolis. ‘Notre engagement est de faire ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité de chaque membre de notre communauté et de dire la vérité: que la police de Minneapolis ne le fait pas. Notre engagement est de mettre fin au maintien de l’ordre tel que nous le connaissons et de recréer des systèmes de sécurité publique qui assurent réellement notre sécurité.’

Majorité

Le maire de la ville s’était opposé à ce démantèlement, mais il n’a désormais plus le choix face à la majorité (neuf membres sur douze) qui appuie cette réforme. ‘Les trois autres conseillers municipaux sont également largement favorables à cet effort, mais n’étaient pas prêts à s’engager’, soutiennent les militants.

Si le maire a autorité sur la police, c’est le conseil municipal qui décide du budget et de la politique. Il pourrait donc user de coupes et d’ordonnances pour démanteler les services de police responsables de la mort de George Floyd. Money is power, comme on dit.

Une police décriée partout dans le monde

Le meurtre de cet Américain noir de 46 ans, le 25 mai dernier, a rapidement soulevé une vague de protestations contre les discriminations, mais aussi les violences policières dans le monde entier. Un abus de trop qui a déclenché un mouvement que l’on pouvait encore difficilement imaginer il y a deux semaines.

Si la politisation autour des forces de l’ordre est moins forte chez nous qu’aux États-Unis ou en France, plusieurs événements ont néanmoins fait parler d’eux depuis peu.

À commencer par l’agression d’un journaliste lors de la manifestation de dimanche qui se tenait à Bruxelles. Jeremy Audouard filmait l’arrestation d’un manifestant lorsqu’un policier l’interpelle vivement, l’exhortant à montrer sa carte de presse et confisquant ensuite ses documents d’identité. Un geste que n’a pas tardé à condamner l’AJP (Association des journalistes professionnels), indiquant ensuite ouvrir un dossier de plainte et invitant les journalistes ayant rencontré des problèmes à les contacter.

Une autre vidéo impliquant la police a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end, mais sans lien avec la manifestation. Elle se déroule en fait la semaine dernière, le lundi 1er juin, à Saint-Gilles (Bruxelles). Mais le contexte actuel du mouvement Black Lives Matter contre les injustices la rend particulièrement brûlante pour les forces de l’ordre.

On peut y voir deux jeunes garçons interpellés par la police. L’un d’eux est menotté et emmené dans une voiture. Il n’a que treize ans, une scène qui suscite l’incrédulité des passants, et bien vite des réseaux sociaux. Ici aussi, on entend la police demander aux personnes présentes d’arrêter de filmer. Selon la police, il s’agit au départ d’une affaire de ‘vol avec violence’ commis dans le parc d’à côté.

‘Lorsque les policiers arrivent sur place, ils voient un groupe de cinq-six jeunes s’enfuir. Les policiers interpellent l’un d’entre eux et courent pour en rattraper un autre qui tentait de fuir. Deux frères, dont l’aîné a treize ans. Les policiers passent alors les menottes à au moins l’un d’entre eux pour éviter qu’il ne s’échappe à nouveau. Ces jeunes sont alors interpellés et conduits au commissariat. Une fois au commissariat, on apprend que la nature des faits pour lesquels la patrouille a été appelée a changé. Il ne s’agit plus de vol avec violence, mais bien d’une tentative de vol de mobylette sur place’, explique la zone de police Midi. Les jeunes ont été relaxés et reconduits chez leur parents.

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