Ce mardi s’ouvrait le Forum européen sur l’intelligence artificielle. La vice-présidente à la Commission européenne sur la préparation à l’ère numérique, Margrethe Vestager, a lancé cet événement par un discours dans lequel elle fait part de ses inquiétudes sur les abus possibles avec des IA.
Pour Vestager, il n’y a pas de doute : ‘Si elle est correctement développée et utilisée, une IA peut faire des miracles, à la fois pour notre économie et pour notre société’. Mais elle peut également nuire. La commissaire européenne met surtout en garde contre l’utilisation des polices prédictives, qui ont déjà montré des signes de discriminations, de biais et de racisme.
‘Les immigrants et les personnes appartenant à certains groupes ethniques pourraient être ciblés par des techniques de police prédictive qui attirent toute l’attention des forces de l’ordre sur eux. Ceci est inacceptable’, affirme-t-elle dans ces propos rapportés par Euractiv.
Un sentiment partagé par de nombreuses associations de protections de droits. Selon eux, les technologies de prédictions comportementales devraient tout simplement être interdites.
Livre blanc
Lors de son discours, Vestager en a profité pour faire un point sur le livre blanc sur l’intelligence artificielle. Ce document d’une trentaine de pages dicte les grandes lignes de la politique sur les IA dans les prochaines années en Europe. Deux termes sont au centre : l’excellence et la confiance. Alors que le premier a pour but de promouvoir les entreprises européennes désirant développer ces technologies, le second énonce les risques qui y sont liés et le cadre réglementaire pour les éviter.
La vice-présidente de la Commission précise qu’il y a deux points qui inquiètent particulièrement les contributeurs au livre blanc : l’érosion des droits fondamentaux et les limites qui permettent de dissocier IA à faible risque et IA à haut risque. ‘Beaucoup d’entre eux ont convenu avec nous que nous devrions concentrer notre attention sur les applications à haut risque. Mais peu d’entre eux étaient convaincus que nous avions déjà trouvé la solution miracle qui nous permet de faire la distinction entre les applications à haut et à faible risque.’, explique-t-elle.
L’Allemagne, qui prend la présidence du Conseil de l’UE pour les 6 prochains mois, demande un renforcement des règles. Le pays voudrait notamment un élargissement de la définition de ‘application à haut risque’, comme elle l’a indiqué dans un communiqué de presse mardi soir.
Toutefois, la Commission européenne ne se penchera pas sur ce dossier avant 2021. Il faudra donc encore attendre avant d’avoir une législation européenne claire sur cette technologie qui se développe de plus en plus vite.