Loin au-dessus de nos têtes : la cohabitation USA-Russie au sein de la Station Spatiale Internationale est-elle menacée ?

Avec l’invasion de l’Ukraine, les relations entre les États-Unis et la Russie sont au plus mal. Le président américain, Joe Biden, n’a cessé de condamner les agissements de son homologue russe, Vladimir Poutine. Et si le dialogue entre les deux nations est rompu, il reste un endroit où les deux sont obligées – du moins pendant un temps – de coopérer : l’ISS. Mais la situation pourrait évoluer.

À 408 kilomètres haut dessus de nos têtes se trouve la Station Spatiale Internationale. Une infrastructure occupée en permanence par un équipage international qui se consacre à la recherche scientifique. À bonne distance de la Terre, l’ISS a été préservée des tensions géopolitiques terrestres, mais la tension qui monte entre les États-Unis et la Russie – principaux partenaires de l’ISS – à la suite de l’invasion de l’Ukraine pourrait changer la donne.

L’ISS « pourrait être un point culminant dans les relations entre les États-Unis et la Russie », a déclaré Scott Pace, directeur de l’Institut de politique spatiale de l’Université George Washington, au Washington Post.

La paix avant tout

Difficile d’imaginer que les tensions entre les deux puissances puissent avoir un impact sur les relations entre les membres de l’équipage. Mais admettons. Dans tous les cas, les astronautes américaines et cosmonautes russes dépendent les uns des autres sur la station et devront donc collaborer le temps de retourner sur Terre. « Le segment russe ne peut pas fonctionner sans l’électricité du côté américain, et lui-même ne peut pas fonctionner sans les systèmes de propulsion qui sont du côté russe », a rappelé l’ancien astronaute de la NASA Garrett Reisman à CNN.

La paix avait perduré au sein de la Station Spatiale Internationale en 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée. Il n’y a donc pas de raison pour que cela soit différent aujourd’hui. « La survie transcende la politique », a affirmé l’astronaute Steve Swanson

Une fin de mission précoce ?

Cependant, si la situation venait à s’envenimer sur Terre, la mission de l’ISS pourrait être menacée. « Si une guerre armée survenait, je pense qu’il serait difficile pour l’ISS de survivre », avait ajouté Garrette Reisman, en janvier.

La NASA a en effet récemment confirmé la prolongation de la mission de la Station Spatiale Internationale jusqu’en 2030. Or, si les relations entre les principaux partenaires venaient à s’assombrir, les États-Unis ou la Russie pourraient décider de mettre un terme à cette collaboration internationale avant son échéance.

En réponse à l’annonce du président Biden de sanctions à l’encontre de la Russie, le patron de Roscosmos, l’agence spatiale russe, Dmitri Rogozine a déclaré : »Peut-être que le Président Biden n’est pas au courant. Alors vous devez lui expliquer que ce sont nos vaisseaux Progress qui assurent la correction de l’orbite de la station pour empêcher les collisions avec des débris spatiaux sur une orbite terrestre polluée par vos hommes d’affaires talentueux. Si vous bloquez la coopération avec nous, qui sauvera l’ISS contre sa désorbitation inévitable et la chute sur le territoire des États-Unis et de l’Europe? Il y a également un risque de chute de cette construction de 500 tonnes sur l’Inde ou la Chine », rapporte Sputniknews.

Ce à quoi la NASA a répondu qu’elle continuerait de travailler avec Roscosmos « pour la sécurité des opérations en cours de la Station spatiale internationale ». Une tentative d’apaiser les tensions, alors que la NASA se trouve aujourd’hui dans une position bien moins précaire qu’en 2014. Aujourd’hui, elle peut en effet compter sur les entreprises spatiales privées telles que SpaceX pour acheminer ses astronautes vers l’ISS et « ne dépend plus vraiment de la Russie pour les programmes spatiaux civils » ce qui lui laisse davantage de manoeuvres, comme l’a souligné Makena Young, associée au projet de sécurité aérospatiale du SCRS, à The Verge.

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