L’Iran a interdit le minage de cryptomonnaies… mais a déjà accordé des dizaines de passe-droits depuis

Fin mai, l’Iran avait pris une mesure radicale en interdisant le minage de cryptomonnaies – trop énergivore – sur son territoire pendant quatre mois. Mais entre le discours et la réalité, il y a un fossé qui ne cesse de s’élargir.

En proie à des pannes de courant de plus en plus fréquentes dans ses villes, l’Iran avait décidé il y a un mois d’interdire le minage de cryptomonnaies, considérée par les autorités comme la source du problème. Un choix fort posé juste avant les élections, en vue d’apaiser la colère grandissante des Iraniens.

Comme certains le pressentaient à ce moment-là, il s’agissait a priori avant tout d’une décision à visée électoraliste. En effet, depuis que l’interdiction a été mise en place – elle doit normalement durer jusqu’au 22 septembre prochain – 30 sociétés de minage de cryptomonnaies ont reçu une licence de la part du ministère iranien de l’Industrie, des Mines et du Commerce. Comme le révèle Financial Tribune, elles ont donc déjà pu reprendre leurs activités.

Parmi les 30 firmes ayant bénéficié de cette exception, une seule se situe la province de la capitale, Téhéran. Les licences ont été réparties un peu partout dans le pays, la palme revenant à la province de Semnan, dans le Nord de l’Iran, où six sociétés ont obtenu le droit de continuer le minage de cryptomonnaies.

L’électricité y étant bon marché, l’Iran est un haut lieu du minage mondial de cryptomonnaies. En 2020, le pays a délivré plus d’un millier de licences. D’après une une étude réalisée juste avant que ne tombe l’interdiction, 4,5% de tous les bitcoins du monde y seraient minés, une grosse majorité d’entre eux résultant d’une activité non autorisée, de l’aveu même du président sortant Hassan Rohani.

Contrôler plutôt qu’interdire

En mai, la Banque centrale d’Iran (CBI) avait également décidé d’interdire le commerce des cryptomonnaies extraites en dehors du pays. Plus tôt, il avait déjà été interdit d’utiliser des cryptomonnaies pour les paiements, bien que les institutions financières du pays soient libres d’utiliser celles minées légalement en Iran pour payer les importations de marchandises autorisées.

En octroyant ici des exceptions à tour de bras, l’Iran montre qu’il est donc plutôt dans une optique de régulation et non de répression. Au contraire de la Chine, qui multiplie ces derniers mois les nouvelles (et très strictes) règlementations autour des cryptomonnaies. Le coût énergétique de l’activité, et son impact pour le climat, explique cette attitude, au même titre que d’autres raisons, plus sociétales et économiques.

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