Selon un document des services de renseignement belges, des groupements extrémistes belges ou étrangers ont recours à des campagnes de désinformation pour étendre leur influence en pleine pandémie.
La Sûreté de l’Etat et le SGRS (son homologue militaire) l’affirment: un maximum de désinformations relatives au Covid-19 sont diffusées sur les réseaux sociaux pour monter les uns contre les autres certains groupes de la population. Leur cible ultime: le gouvernement.
Dans un document de douze pages, les deux services de renseignement expliquent que des groupements d’extrême droite diffusent des théories du complot sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines maintenant. Ils exploitent ainsi à plein régime la crise sanitaire pour ‘saper l’autorité du
gouvernement belge et du monde médical’.
Parmi ces groupes, on retrouve par exemple les Knights of Flanders qui font croire que le coronavirus trouve son origine dans le vaccin contre la grippe. D’autres en profitent pour répandre la haine contre les musulmans: c’est le cas du groupe francophone Nation qui diffuse un message selon lequel une fatwa ‘appelait les musulmans contaminés à tousser au visage des mécréants’.
Coronavirus et immigration
Ces groupuscules d’extrême droite ont presque tous une théorie commune: celle d’un supposé lien entre l’épidémie de coronavirus et l’immigration. La peur du virus devrait donc entraîner le rejet et la haine de l’étranger. Il s’agit bien évidemment de fake news.
Le parti d’extrême droite francophone Parti National Européen (PNE) prétend ainsi qu’un centre d’asile situé à Mouscron serait un foyer de contamination pour les alentours. Et demande même sa fermeture, ajoutant: ‘ils [les demandeurs d’asile] devraient tous être logés
au parlement, celui-ci n’est d’aucune utilité’. D’une pierre deux coups.
Ingérence russe
Certains de ces groupes propagent en outre un discours pro-russe et diffusent de la propagande russe dans notre pays. C’est par exemple le cas du mouvement d’extrême droite Squadra Europa tout récent et particulièrement actif sur Twitter. Son discours se veut clairement anti-européen et pro-russe.
‘Hier, la Russie a envoyé de l’aide à l’Italie, tandis que Merkel continue d’interdire toute exportation de matériel médical. En temps de crise, il y a peu de solidarité entre les Etats membres de l’UE, alors que ces mêmes Etats ont été invités à accepter des quotas de migrants au nom de cette solidarité’, indique le groupe le 23 mars.
Ses autres cibles toutes désignées: l’immigration, l’islam en Europe et la mondialisation. Ils diffusent des messages selon lesquels ces facteurs sont tous liés à la pandémie de coronavirus.
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‘Diplomatie corona’
Dans ce contexte, la Sûreté de l’Etat mène des enquêtes relatives à la propagande par des puissances étrangères dans notre pays. Et, il faut bien le dire, c’est bien du côté russe que provient la majorité de cette propagande. ‘Les campagnes de désinformation s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie hybride destinée à affaiblir l’Occident’, indiquent les services de renseignement.
‘La désinformation russe s’inscrit dans la stratégie du Kremlin de stimuler les dissensions et les méfiances par rapport aux autorités nationales et européennes avec comme objectif de saper la cohésion sociale’, expliquent-ils. Dans cette désinformation, la gérance russe de la crise est présentée comme juste et efficace, au contraire des autres pays.
Une des théories les plus répandues prétend en outre que le virus a été créé par un laboratoire en tant qu’arme biologique. Si les Etats-Unis enquêtent bien sur la possible responsabilité d’un laboratoire de Wuhan, c’est plutôt l’hypothèse de l’accident qui est privilégiée. Et l’OMS a annoncé aujourd’hui que le virus proviendrait ‘probablement’ d’animaux et non d’un laboratoire.
La VSSE met également en garde contre la ‘diplomatie corona’, soit l’aide humanitaire de puissances étrangères exploitées pour des activités d’ingérence dans le cadre de processus décisionnels. ‘Cette diplomatie corona ne se fait pas nécessairement dans l’intérêt de notre pays’, prévient la Sûreté de l’Etat.
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