L’extrême-droite de Salvini et le M5S à genoux après l’élection en Émilie-Romagne

Les résultats de l’élection régionale en Émilie-Romagne sont tombés ce lundi, et avec eux, le Mouvement 5 étoiles anticonformiste ainsi que les espoirs de Matteo Salvini, chef du parti d’extrême-droite la Ligue.

C’est une élection régionale particulièrement suivie qui a eu lieu dimanche soir en Italie, et pour cause; Matteo Salvini espérait en profiter pour faire tomber le gouvernement de coalition précaire du pays et précipiter de nouvelles élections nationales. Au lieu de quoi, le Parti démocratique (PD), de centre-gauche, a remporté la majorité des suffrages en Émilie-Romagne, coiffant au poteau les illusions de l’extrême-droite et du Mouvement 5 étoiles (M5S) qui milite pour une démocratie directe.

Les élections d’hier ont donc rebattu les cartes dans une Italie incertaine quant à son avenir. La candidate de la Ligue Lucia Borgonzoni (43,73%) n’aura pas réussi à éjecter le gouverneur de la région, Stefano Bonaccini (51,36%), très en vue au sein du Parti démocrate et particulièrement populaire en Émilie-Romagne, connue pour être un bastion de centre-gauche. Notons le fort taux de participation de près de 68% qui a éclipsé les précédents chiffres de 2014 (37%), comme le note CNBC.

Le Mouvement 5 étoiles anéanti

Matteo Salvini comptait sur cette élection régionale à valeur de test national pour reconquérir le pouvoir. Mais il faut croire que les nombreux rassemblements (plusieurs par jour) de la Ligue militant pour la réduction des impôts et la lutte contre l’immigration n’auront pas porté leurs fruits. ‘Après 70 ans, il y a eu un vrai match (gauche/droite) en Émilie-Romagne. Autrefois, le match était fini avant d’avoir commencé’, a cependant affirmé Salvini devant la presse.

La coalition formée par le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles que Salvini a voulu faire tomber s’en retrouve cependant fragilisée, vu les faibles résultats du M5S dans la région. ‘Le M5S a été anéanti en Émilie-Romagne’, a déclaré Wolfango Piccoli, coprésident de la société de conseil politique Teneo Intelligence. ‘Avec le M5S en chute libre, le PD sera obligé d’assumer un rôle plus important (et éventuellement de faire face au coût politique qui en découle) dans le gouvernement de coalition.’

Une coalition chancelante

Selon Piccoli, cette nouvelle dynamique politique pourrait compliquer davantage l’équilibre délicat au sein de la coalition ‘chancelante’ dirigée par le Premier ministre Giuseppe Conte. Le M5S a en effet dû accuser plusieurs pertes ces dernières semaines, comme la démission de son leader et ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, parti pour apaiser des tensions internes, mais aussi les départs d’un autre ministre et de plusieurs sénateurs. Le Mouvement 5 étoiles a ainsi vu son soutien dégringoler à deux chiffres lors des élections ce dimanche.

Selon l’ancien fonctionnaire du Trésor et économiste Lorenzo Codogno, ces résultats pourraient ‘entraîner des problèmes pour la stabilité du gouvernement’, mais également signifier que la politique italienne se simplifie toujours plus pour revenir à un système ‘bipolaire’. Nouvelle qui est selon lui plutôt positive ‘pour toute gouvernance future du pays’.

Il faudra pourtant encore attendre avant de se réjouir trop vite. Toute décision d’organiser des élections anticipées pourrait éventuellement déclencher une vente impulsive d’obligations italiennes, symbole de l’imprévisibilité de la politique du pays.

Lire aussi:

Plus