Principaux renseignements
- La Commission européenne investit 20 milliards d’euros dans la construction de quatre « gigafactories de l’IA » qui développeront des modèles d’IA avancés.
- Le financement et l’infrastructure proposés pour ces gigafactories devraient provenir des programmes existants de l’UE et des États membres, chaque installation étant équipée de 100 000 puces de pointe.
- L’acquisition des puces GPU Nvidia nécessaires représente un défi de taille en raison des restrictions imposées par le passé par le gouvernement américain.
L’Europe se lance à corps perdu dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA) en investissant 20 milliards d’euros dans la construction de quatre « gigafactories de l’IA« . La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé ce plan lors du sommet sur l’IA qui s’est tenu à Paris en février, l’inscrivant dans le cadre d’InvestAI, la réponse ambitieuse de l’Europe au plan Stargate des États-Unis, d’une valeur de 500 milliards de dollars. Ces gigafactories sont envisagées comme des partenariats public-privé qui faciliteront le développement de modèles d’IA avancés, dans le but de faire de l’Europe un acteur majeur dans ce domaine.
Difficultés d’obtention des puces GPU de Nvidia
Le financement proposé pour ces gigafactories proviendra des programmes existants de l’UE et des États membres, chaque installation étant équipée de 100 000 puces de pointe. Cette échelle éclipse même le plus grand supercalculateur actuellement en construction dans l’UE. Toutefois, l’acquisition des puces GPU de Nvidia, indispensables à la formation à l’IA, représente un défi de taille.
Le gouvernement américain a précédemment restreint l’accès à ces puces pour entraver le développement de gigafactories dans plusieurs pays européens. Si la position future de la nouvelle administration reste incertaine, les actions passées suggèrent une volonté de maintenir la domination américaine dans le domaine de l’IA. Cette restriction met en évidence un obstacle majeur au projet ambitieux de l’Europe. DeepSeek, une entreprise spécialisée dans l’IA, a utilisé environ 2 000 puces Nvidia H800 (moins avancées que les modèles les plus perfectionnés) pour l’entraînement de ses modèles. Leur accès a été facilité par l’exportation gratuite de ces puces vers la Chine jusqu’en octobre 2023.
Les experts mettent en garde contre une pénurie de puces
Les experts préviennent que l’obtention des puces Nvidia nécessaires pourrait s’avérer difficile pour les projets d’IA européens. Si certains pensent que l’intervention du gouvernement ou des solutions innovantes pourraient surmonter cet obstacle, d’autres sont sceptiques quant à sa faisabilité dans un avenir proche. La précédente tentative de l’Europe de soutenir l’infrastructure technologique par le biais du « 2023 Chips Act » n’a pas atteint son objectif d’attirer la fabrication de puces de pointe sur le continent. Malgré ce revers, elle a stimulé les investissements dans les usines produisant des puces pour l’industrie automobile.
Le projet de gigafactory est également confronté à des défis logistiques, notamment l’identification d’emplacements appropriés et la garantie d’un approvisionnement en électricité fiable. En outre, l’absence de grands fournisseurs de services cloud ou de sociétés de développement de l’IA comme on en trouve aux États-Unis suscite des inquiétudes quant à la viabilité de tels déploiements de matériel à grande échelle.
L’UE développe les centres de supercalculateurs
Outre l’initiative gigafactory, la Commission européenne modernise 12 centres de supercalculateurs scientifiques afin d’améliorer leurs capacités de recherche et de développement en matière d’IA. Cette expansion pourrait profiter aux fabricants de puces européens spécialisés dans les puces non GPU, aux startups impliquées dans le développement de l’IA et aux institutions de recherche existantes qui utilisent des superordinateurs pour l’apprentissage automatique et les applications scientifiques.
Le succès de l’investissement de 200 milliards d’euros de l’Europe dans l’IA dépend de sa capacité à répondre aux préoccupations en matière de durabilité, à établir des cadres de gouvernance solides et à favoriser un écosystème florissant pour l’innovation. En accordant la priorité à ces facteurs, l’Europe peut se positionner en tant que leader mondial dans le domaine de l’intelligence artificielle, qui évolue rapidement.
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