L’Espagne fait fondre la TVA sur le gaz: « Il doit y avoir une justice sociale »

Alors que les prix de l’électricité y sont (beaucoup) plus bas que la moyenne européenne, l’Espagne s’apprête également à faire fléchir ceux du chauffage.

Ce jeudi, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé une réduction de la TVA sur le gaz, qui passera de 21 à 5%. Cette mesure entrera en vigueur à partir du mois d’octobre, jusqu’au 31 décembre. Mais il n’est pas exclu qu’elle soit prolongée par la suite.

« L’idée est qu’il doit y avoir une justice fiscale, une répartition équitable des conséquences de la guerre de Poutine », a déclaré le dirigeant espagnol sur la radio Cadena Ser, désireux de « faire baisser la facture de chauffage ». Cette mesure s’inscrit dans la politique de son gouvernement visant à opter pour des réductions d’impôt « sélectives ».

En août, l’inflation en Espagne était de 10,4% sur un an. C’est le troisième mois consécutif qu’elle dépasse la barre des 10%.

Protéger la « classe moyenne laborieuse »

Avec cette baisse de la TVA sur le gaz, Pedro Sánchez a aussi rappelé que son gouvernement faisait tout son possible pour « toujours essayer de protéger la classe moyenne laborieuse », une terminologie sujette à débat censée englober la classe moyenne et les travailleurs à plus faibles revenus.

Pour rappel, en Espagne, les prix de l’électricité ont été plafonnés. Là où la plupart des pays européens payent 600 euros le MWh d’électricité, elle s’en sort pour un peu plus de 200 euros. En fait, dès le mois de mai, l’Espagne a appliqué son propre système tarifaire en plafonnant les prix du gaz entrant dans la production d’électricité. Un système validé par la Commission européenne. Il consiste à ne plus appliquer le prix de l’électricité en fonction du marché Day Ahead.

Ce mécanisme a toutefois un coût pour l’Espagne – ainsi que pour le Portugal, qui l’a aussi adopté. Les deux pays subsidient le gaz pour les producteurs d’électricité. À partir de juillet, ces derniers ont acheté leur gaz à seulement 40 euros le MWh (+5 euros chaque mois suivant), alors qu’il est à 280 euros sur le marché de gros. En contrepartie, les producteurs devront rendre une partie de leurs profits.

Un tel système est rendu possible par la faible interconnexion de la péninsule ibérique avec le reste de l’Europe. En effet, tant l’Espagne que le Portugal s’approvisionnent en Afrique ou par GNL. L’Espagne est le pays qui dispose d’ailleurs du plus grand nombre de terminaux GNL en Europe. Et surtout : les autres pays d’Europe ne peuvent s’approvisionner en gaz ibérique subsidié.

Pas de rationnement en vue

Lors de son interview du jour, Pedro Sanchez a assuré que les Espagnols n’avaient pas à s’en faire pour l’approvisionnement en gaz du pays. « Nous n’envisageons pas de restrictions de gaz pour cet hiver. Le contexte est très incertain, mais notre situation est plus sûre que celle d’autres pays », a-t-il déclaré.

Notons tout de même que depuis la mi-août, les commerces, bureaux, lieux publics, gares et aérogares espagnols n’ont plus le droit de faire tourner leur climatiseur à plein régime : interdiction de faire baisser la température sous les 27 degrés. Lors des mois les plus froids, il faudra rester raisonnable en matière de chauffage, le thermostat ne pouvant pas être réglé au-delà de 19 degrés.

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