Les villes chinoises commencent à se réapproprier les parcelles abandonnées d’Evergrande

Selon la loi chinoise, tout terrain privé qui n’a pas été utilisé au bout de deux ans après la vente peut être repris à son propriétaire, et ce sans compensation. Une loi qui commence à être appliquée pour Evergrande, au fur et à mesure que des villes tentent de reprendre le contrôle de parcelles vendues au géant déchu de l’immobilier.

Le géant de l’immobilier Evergrande ne cesse de vaciller au bord de la faillite et, depuis quelques jours, n’arrive plus à renflouer ses créanciers ; face à l’implosion imminente, les autorités publiques de plusieurs villes chinoises ont décidé de sauver ce qui pouvait l’être.

Un stade de foot à l’abandon

Vendredi dernier, l’autorité chargée de l’aménagement du territoire de la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays, a annoncé qu’elle avait repris deux terrains appartenant au promoteur immobilier et inutilisés depuis plus de dix ans. Les deux parcelles totaliseraient plus de 340 000 mètres carrés.

Selon un avis du gouvernement publié lundi dernier, la ville de Haikou, située dans la province de Hainan, dans le sud de la Chine, a elle aussi entamé une mesure de réappropriation, et a repris huit parcelles de terrain à Evergrande. Plus tôt ce mois-ci, c’est la ville de Guangzhou qui reprenait possession du monumental stade de football que la société devait bâtir, et dont les travaux sont à l’arrêt depuis des mois.

Non pas que ces villes sont créancières du géant déchu de l’immobilier chinois et tenteraient ainsi de rentrer dans leurs frais : en vertu de la législation chinoise, le gouvernement peut reprendre les terrains qui sont restés inutilisés pendant deux ans sans avoir à indemniser le propriétaire.

Une bulle qui se fissure ?

Dans le cas d’Evergrande, on parle de dizaines de chantiers à l’arrêt qui pourraient bien être définitivement abandonnés, si la firme ne reprend pas son équilibre, ce qui s’avère probablement irréaliste, le gouvernement chinois ayant apparemment opté pour une ligne dure qui exclut tout renflouement à l’aide d’argent public.

Le gouvernement chinois a toutefois enjoint les firmes d’État ou détenues par des autorités publiques à racheter, si possible, des biens ou des terrains à Evergrande pour fournir un peu d’argent frais à l’entreprise, endettée à hauteur de 300 milliards de dollars.

Un record absolu qui fait craindre un effet de dominos, alors que c’est la bulle immobilière qui a soulevé ainsi la croissance chinoise jusqu’à hisser le pays à la première place des richesses nationales du monde, avec 120 000 milliards de dollars. Une situation qui pourrait toutefois s’avérer catastrophique en cas d’éclatement de cette bulle, comme c’est arrivé au Japon dans les années 1990.

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