Les velléités de Bpost font grincer des dents : ‘Une entreprise publique ne doit pas faire concurrence aux petits indépendants’

Les velléités de Bpost de proposer de nouveaux services payants de proximité font grincer des dents, notamment parmi les commerces de proximité qui craignent une concurrence déloyale de l’entreprise postale et de logistique.

Bpost a publié mardi sa nouvelle vision stratégique « Connect 2026 ». On peut y lire, en autres objectifs, que l’entreprise publique cotée en Bourse veut « créer des services supplémentaires et payants de proximité » et ce, dans un souci de « contribuer de manière importante à la cohésion sociale. »

Dans une présentation plus détaillée, Bpost précise quelque peu ce que pourraient être ces services payants de proximité. L’entreprise songe notamment à offrir l’accès à des services de scanners ou d’impression pour des personnes peu à l’aise avec les technologies numériques et évoque le maintien de la disponibilité de services bancaires de base alors que les banques taillent toujours plus dans leur réseau d’agences.

Mais Bpost va plus loin: dans des zones rurales où il ne reste plus de commerce, les bureaux de poste pourraient devenir un guichet unique local offrant de la nourriture, des produits que l’on achète de manière impulsive (comme ces sucreries souvent proposées aux caisses, NDLR), des journaux ou d’autres produits, estime-t-on.

Le CEO de Bpost a précisé l’idée mercredi dans plusieurs journaux. « Non, nos bureaux ne vont pas devenir des supermarchés. Je pense plutôt aux achats impulsifs. Mais c’est surtout à mes yeux une question de services rendus », dit-il dans les colonnes du Tijd. « Nous pouvons utiliser notre réseau pour d’autres services. Avec le confinement, les gens vivent de plus en plus éloignés les uns des autres », ajoute-t-il.

En Flandre, Buurtsuper.be, qui fait partie de l’organisation patronale Unizo et défend les intérêts des supérettes de proximité, est sortie de ses gonds. « Hallucinant », s’énerve-t-elle dans un communiqué, estimant que Bpost « pourrait commencer par rémunérer correctement les commerces de proximité déjà là pour le fait qu’ils gardent les colis en attendant que les clients viennent les chercher. Les magasins de proximité sont inondés de paquets mais ils n’en tirent pas grand chose car Bpost applique des tarifs très bas. Mais ces magasins le font tout de même, en service à leurs clients. »

L’organisation dénonce dans la foulée un « manque de respect pour l’entrepreneuriat. »

Toujours en Flandre, le président de l’Open Vld, Egbert Lachaert, se montre également très critique. « Une entreprise publique ne doit pas faire concurrence aux petits indépendants et commerçants qui paient des impôts pour financer cette même entreprise publique. Fondamentalement déloyal! », a-t-il tweeté mercredi.

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