Avec son escroquerie autour de la cryptomonnaie OneCoin, Ruja Ignatova est désormais dans la liste des dix personnes les plus recherchées par le FBI, aux côtés de chefs de gangs et de meurtriers présumés. Elle est aussi la seule femme figurant actuellement sur cette liste depuis 1950.
Les scandales crypto et leurs pyramides de Ponzi sont désormais pris très au sérieux
Pourquoi est-ce important ?
Alors que 2022 et tous les scandales cryptos qui l’ont accompagné ont fait vivre un hiver cryptographique très rude aux cryptomonnaies, 2023 commence avec son lot de polémiques. Pas de quoi déstabiliser les cryptos qui sont en train de reprendre de la valeur. Le Bitcoin a notamment fait une superbe performance en augmentant durant 14 jours d’affilée.La pyramide de Ponzi
L’actualité : selon l’acte d’accusation fédéral consulté par CNN, « OneCoin fonctionnait comme un réseau de marketing multiniveaux dans lequel les investisseurs recevaient des commissions pour avoir recruté d’autres personnes pour acheter des paquets de cryptomonnaies ». « Ces packages s’adressaient à différents niveaux de revenus, de ‘débutant’ à ‘magnat' », poursuit le média américain.
- Les autorités affirment que OneCoin était un système pyramidal qui a escroqué des personnes pour plus de 4 milliards de dollars. Ignatova aurait convaincu des investisseurs aux États-Unis et dans le monde d’investir dans la cryptomonnaie. Les procureurs fédéraux décrivent OneCoin comme « l’une des plus grandes fraudes internationales jamais perpétrées ».
- Ignatova et ses partenaires « ont escroqué des milliards de dollars à des victimes sans méfiance, en prétendant que OneCoin serait le ‘tueur de bitcoins' », a déclaré le procureur américain Damian Williams, le principal procureur de New York, le mois dernier, dans un communiqué, rappelle CNN.
- Depuis la disparition d’Ignatova en octobre 2017, son visage a été affiché sur le site du FBI et sur les principaux médias du monde entier. Elle est également l’une des fugitives les plus recherchées d’Europe.
- Au bas de son avis de recherche du FBI figure une note : « On pense qu’Ignatova voyage avec des gardes armés et/ou des associés. Ignatova peut avoir eu recours à la chirurgie plastique ou avoir modifié son apparence. »
Le fonctionnement
Le détail : Ignatova et son cofondateur de OneCoin, Karl Sebastian Greenwood, étaient apparemment conscients dès le début que leur ambitieuse entreprise était une chaîne de Ponzi.
- En 2014, Ignatova et Greenwood, son cofondateur, ont commencé à présenter OneCoin à des investisseurs en Europe, à New York et dans le monde entier. Ils ont organisé des webinaires et des conférences en ligne où ils incitaient les investisseurs potentiels à déposer des fonds sur un compte qui permettrait d’acheter des packages OneCoin, selon l’acte d’accusation fédéral.
- « La cryptomonnaie OneCoin a été créée dans le seul but de frauder les investisseurs », a déclaré l’agent spécial de l’IRS John R. Tafur dans un communiqué, rapporte CNN.
- Alors que Greenwood et Ignatova travaillaient sur le concept de OneCoin, ils l’ont qualifié dans des courriels de « monnaie poubelle », ont rapporté les fonctionnaires fédéraux dans les documents judiciaires. Ces documents montrent que Greenwood a décrit leurs investisseurs comme des idiots et des fous dans un courriel adressé au frère d’Ignatova, Konstantin Ignatov, qui a également pris part à l’escroquerie et a assumé la direction de OneCoin après la disparition de sa sœur, selon les procureurs.
- « Il se peut que ce ne soit pas (quelque chose) de vraiment propre ou (quelque chose) sur lequel je travaille normalement ou même dont je peux être fière (sauf avec toi en privé lorsque nous gagnons de l’argent) », a écrit Ignatova à Greenwood en 2014.
- Elle a par ailleurs proposé une stratégie de sortie en cas d’échec de l’entreprise, déclarant dans un courriel adressé en 2014 à Greenwood qu’ils devaient prendre l’argent et s’enfuir et blâmer quelqu’un d’autre pour cela.
Encore un scandale crypto
L’enjeu : La cryptosphère a déjà souffert de nombreuses escroqueries.
- En 2022, la bourse de cryptomonnaie FTX a dû déposer le bilan. Cela intervient après que la bourse crypto numéro mondial, Binance, ait voulu racheter l’entreprise de Sam Bankman-Fried et a remarqué que la valeur de FTX était artificiellement gonflée par des investissements d’Alameda Research, le fonds d’investissement de Bankman-Fried.
- Ce scandale a provoqué d’autres faillites comme celle de Genesis. L’entreprise était un prêteur en cryptomonnaie et s’est retrouvée à devoir déposer le bilan, car Alameda Research lui devait de l’argent qu’elle comptait utiliser pour rembourser ses dettes, notamment les 900 millions qu’ils devaient à la bourse de cryptomonnaies Gemini.