Fermées depuis de plusieurs mois car considérées comme des lieux à haut risque de contaminations au coronavirus, les salles de spectacles ne seraient pas si dangereuses que cela. Il suffit d’instaurer une poignée de mesures de base. C’est ce que sont parvenus à démontrer la Philarmonie de Paris et Dassault Systèmes.
Bien décidée à se préparer au mieux lorsque les salles de spectacles seront autorisées à rouvrir, la Philarmonie de Paris s’est associée à une équipe d’experts issus de Dassault Systèmes. Spécialiste de la modélisation 3D, cette entreprise a notamment collaboré avec les autorités de Wuhan lorsqu’il a fallu y construire un hôpital de campagne au début de la crise sanitaire. Le but: optimiser les systèmes de ventilation afin de limiter la circulation des particules contaminées dans les chambres et les couloirs de l’établissement.
La Philarmonie de Paris a chargé la société française d’en faire de même avec sa salle de concert principale: la salle Pierre Bourlez. Celle-ci propose 2.400 places assises en configuration symphonique. Et d’après les calculs de Dassault Systèmes, elle pourrait rouvrir en toute sécurité… à pleine capacité.
Masque ajusté et ventilation modérée
Avant toute chose, il faut préciser que la salle Pierre Bourlez possède, intrinsèquement, des spécificités qui la rendent déjà plus sûre que la plupart des salles de spectacles traditionnels. Elle dispose d’une ventilation individuelle sous chaque siège. ‘L’air s’y écoule principalement du haut vers le bas (du deuxième balcon vers le parterre) en un flux unidirectionnel avec très peu de mouvements latéraux’, explique la Philarmonie de Paris.
De par son architecture particulière, la salle Pierre Bourlez est donc déjà intéressante pour la limitation de la propagation des particules contaminées par le Covid-19. Mais ce n’est évidemment pas suffisant pour pouvoir rouvrir sans mesures sanitaires strictes.
D’après le modèle 3D établi par Dassault Systèmes, deux règles essentielles doivent permettre à la Philarmonie de Paris de rouvrir sa plus grande salle en toute sécurité.
- Les spectateurs doivent porter un masque chirurgical. Si une personne tousse et que son masque est lâche, des particules peuvent rester à proximité de celle-ci. Toutefois, ‘leur concentration se réduit fortement et elles n’atteignent pas les voisins ni le siège de devant’, assure la Philarmonie de Paris. Afin d’offrir une protection optimale, il est cependant préférable que le masque soit bien ajusté.
- S’assurer que tous les spectateurs portent un masque est assez facile. Vérifier qu’ils le portent dans la meilleure position s’avère plus compliqué. C’est pourquoi Dassault Systèmes propose une deuxième solution. Couplée à la première, elle s’avère imparable. Il faut réduire de moitié les volumes d’air neuf injectés par les sièges. La propagation des particules contaminées en ressort fortement ralentie. Cette mesure avait d’ailleurs déjà été instaurée par la Philarmonie de Paris lorsqu’elle avait pu rouvrir ses portes entre début juin et fin octobre.
Quelles perspectives ?
‘En associant des mesures de protection individuelle comme le port d’un masque ajusté ainsi qu’une ventilation réduite, les risques de contamination du public et de l’orchestre par aérosols apparaissent fortement réduits’, conclut la Philarmonie de Paris.
Reste à voir si les autorités ordonneront ce type de mesures pour permettre la réouverture des salles de spectacles. Rappelons que l’architecture de la salle Pierre Bourlez est bien spécifique: faudra-t-il faire du cas par cas pour autoriser les salles à rouvrir. Et seront-elles chacune soumises spécifiquement à des réouvertures à pleine capacité ou à capacité réduite ?
Pour l’instant, aucune date de possible réouverture n’est avancée, que ce soit en Belgique ou en France. Avec l’arrivée des nouveaux variants du Covid-19, hautement contagieux, les perspectives ne sont malheureusement pas bonnes.