Les Japonais adoptent massivement des robots à cause du coronavirus

La solitude est un mal endémique au Japon. Et le coronavirus a aggravé les choses. Les habitants de l’archipel se tournent vers les robots en guise de compagnie. Pendant ce temps, d’autres machines remplacent les humains dans certaines professions afin de, justement, limiter les interactions sociales.

L’info n’est pas neuve : dans les cités japonaises très densément peuplées, où l’espace de logement est ultra précieux et où l’hygiène est une valeur cardinale, les robots font une bonne alternative aux animaux de compagnie. Une tendance qui s’est encore accélérée avec la pandémie : Là où les Occidentaux ont massivement adopté des chiens ou des chats pour leur tenir compagnie, les Japonais ont choisi des compagnons artificiels.

Programmés pour être adorables

Il faut dire que le marché est en plein boom, avec l’apparition de compagnons robotiques très perfectionnés comme Lovot, un robot tout mignon conçu spécifiquement pour vous apporter de l’amour. Mais Lovot ne se contente pas d’être mignon : il interagit avec vous et s’adapte même à votre caractère pour se comporter selon vos attentes : plutôt demandeur de câlins comme un toutou ayant besoin d’attention ou plutôt calme comme un gros matou. Et le robot est même chaud au toucher, comme un être vivant.

Pour acheter ce « robot de support émotionnel », il faut compter quand même 299.800 yens, soit environ 2.700 dollars américains ou 2.300 euros. Mais l’amour n’a pas de prix et votre Lovot n’a besoin ni de gamelle ni de litière. Il a par contre besoin d’une mise à jour régulière prise en charge par l’entreprise, pour une modique souscription qui va de 83 à 185 dollars par mois.

Et c’est un succès, selon le fondateur de l’entreprise Kaname Hayashi: « Avec les restrictions sanitaires, de nombreux Japonais restent chez eux et n’ont plus de vie sociale. Ils se sentent seuls et ont besoin de réconfort. Notre robot les aide à surmonter cette solitude. » Les ventes de ce petit robot mignon ont été multipliées par onze depuis le début de la pandémie.

La machine plutôt que l’humain

Mais les robots ne profitent pas du coronavirus que pour envahir les maisons des Japonais en manque d’affection : ils prennent aussi leurs emplois. Afin de rassurer les clients, effrayés par les contacts sociaux et le risque de contamination qu’ils représentent, des restaurants font appel à des serveurs robotiques. Un moyen comme un autre de renflouer un secteur mis à mal par la crise, au Japon comme ailleurs, mais qui a un prix : 99 800 yens hors taxes, soit un peu plus de 800 euros, pour un engagement de trois ans. Car oui, le robot serveur, conçu par Bear Robotics, se loue et s’emploie au contrat à durée déterminée. Pour, finalement, bien moins cher qu’un employé.

Des robots-serveurs et des robots-plateaux de Bear Robotics. Une scène qui est en train de devenir ordinaire, au Japon. ( The Yomiuri Shimbun via AP Images ) – ISOPIX

C’est paradoxal: d’un côté, les Japonais se tournent vers les robots domestiques pour obtenir une présence rassurante à domicile, et de l’autre ils préfèrent éviter les interactions humaines de peur du virus, et préfèrent remplacer les personnes exerçant un travail de proximité par des êtres de plastique et de métal. Le coronavirus serait donc la catastrophe qui permettra ascension des robots ? Au Japon en tout cas, ils sont en train de se faire une place reconnue dans la société. Bienvenue dans la « Vallée dérangeante« .

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