En 2020, Facebook a encore accru sa puissance. Pas perturbé pour un sou par les controverses dont il est l’objet, le géant des réseaux sociaux compte bien poursuivre sa marche en avant. Leurs employés viennent d’avoir vent des futurs projets du groupe. Certains ont blêmi.
Cette semaine, Facebook a organisé – virtuellement – sa grande réunion de fin d’année à l’attention de son personnel, chapeautée par son directeur de la technologie, Mike Schroepfer . BuzzFeed News est parvenu à mettre la main sur l’enregistrement audio de la conférence. Bilan de 2020 et projets futurs étaient au menu.
2020, année faste
Si Facebook sait que 2020 fut une année éprouvante pour ses employés en raison du coronavirus, l’entreprise s’est réjouie d’avoir pris encore un peu plus d’importance. Le réseau social a été l’objet d’un taux d’utilisation record, avec un net pic durant le mois de mars, période à laquelle le monde occidental a été frappé par la première vague de la pandémie. Profitant de la popularité accrue de sa plateforme, Facebook a engagé 20.000 nouveaux employés partout dans le monde au cours de ces douze derniers mois.
Bien sûr, Facebook a aussi connu plusieurs problèmes, avec notamment l’ouverture de procès antitrust à son encontre. Le réseau social a aussi dû faire face à une accentuation des fake news sur sa plateforme. Mais il ne s’en inquiète guère. Marc Zuckerberg et ses associés ont les moyens de combattre la désinformation. Du moins, c’est ce qu’ils avancent.
‘Une profonde dystopie’
L’atout numéro 1 – qui est, en réalité, quasiment le seul – brandi par Facebook pour modérer les contenus postés sur sa plateforme est l’intelligence artificielle. Lors de la réunion, Schroepfer a annoncé que la société s’était dotée de ‘nouveaux systèmes’ infiniment plus rapides et plus efficaces.
‘C’est en fait l’outil clé que nous utilisons actuellement pour combattre les discours de haine, la désinformation et les problèmes de contenu les plus complexes auxquels nous sommes confrontés’, a-t-il déclaré, se targuant du fait que Facebook détecterait déjà 95% de tous les discours de haine sur la plateforme.
En faisant cette annonce, Schroepfer a clairement laissé entendre que le futur appartiendrait aux modérateurs robotisés, laissant les milliers de modérateurs humains sur le carreau. Anticipant un éventuel licenciement, certains ont préféré déjà quitter le navire.
Nick Inzucchi est l’un d’eux. ‘L’IA ne nous sauvera pas’, a-t-il écrit dans sa lettre de démission. ‘La vision implicite qui guide aujourd’hui la plupart de nos travaux sur l’intégrité est celle où tout le discours humain est supervisé par des robots parfaits, justes et omniscients appartenant au PDG Mark Zuckerberg. Il s’agit clairement d’une dystopie, qui est si profondément ancrée que nous ne la remarquons presque plus’.
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Les plans de Facebook pour le futur
Lors de cette réunion, Schroepfer a également dévoilé les nouveautés qui feront un jour leur apparition sur Facebook. Le réseau social prévoit l’arrivée d’un outil nommé ‘TLDR’ – pour ‘too long, didn’t read’ (trop long, pas lu) – permettant aux utilisateurs de connaître le contenu d’un article d’information… sans le lire. Ce système prévoit de résumer les articles à des listes à puces, accompagnées d’une application de narration audio.
La nouvelle n’a pas manqué de faire bondir le monde de la presse, déjà en froid avec Facebook en raison de la prolifération des fake news et de mésententes sur le plan financier. ‘J’ai parfois l’impression qu’il y a quelqu’un au siège de Facebook dont le travail consiste à trouver de nouveaux moyens de détruire complètement tout semblant d’intelligence [humaine] en Amérique’, a tweeté la rédactrice en chef de la radio new-yorkaise WNYC, Audrey Cooper.
Facebook est également en train de faire une grande percée dans le domaine de… la neurologie. Mais ce n’est certainement pas à des fins médicales. Schroepfer a annoncé que le groupe travaillait sur des capteurs neuronaux permettant de lire dans nos pensées et de les traduire en actions concrètes. Une innovation qui pourrait, d’après lui, trouver son utilité dans l’univers des jeux vidéo.
‘Nous avons tous le privilège de voir l’avenir parce que nous le construisons’, s’est réjoui Schroepfer, précisant que Facebook devrait tout de même faire en sorte que la population ne finisse pas par ‘subir les inconvénients de ces technologies innovantes’.