Les informateurs Coens et Bouchez devraient prolonger: mais pour quoi faire?

En quelques jours, on est passé d’un ‘parfum de crise’ à une ‘crise majeure’ pour la Belgique. C’est le blocage complet et même de nouvelles élections ne semblent pas être une solution.

Frederic Sierakowski / Isopix

Un sondage qui a tout changé. Le dernier Grand Baromètre Le Soir-RTL-Ipsos a placé le Vlaams Belang à la première place en Flandre. Avec la N-VA, les deux partis séparatistes dépasseraient la barre des 50%. Mais l’élément clé est ailleurs: c’est la chute vertigineuse et constante des partis dits traditionnels, à un niveau historiquement bas. Le CD&V, autrefois faiseur de Premiers ministres, et Open VLD, tous deux indispensables à une future majorité arc-en-ciel, sentent un vent glacial dans leur dos.

Ce vent, c’est celui de la peur de ne plus exister. Tout simplement. Des partis historiques qui tombent aux oubliettes, ce n’est pas si rare. Il suffit de penser au parti Les Républicains chez nos voisins ou son opposé le Parti socialiste. Personne n’est éternel. Open VLD et CD&V sont maintenant clairement en dessous des 10%.

Contexte impossible

Pour de nombreux observateurs flamands, si ces deux partis laissent N-VA et VB dans l’opposition, cela s’apparentera à un suicide collectif. La pression est forte sur leurs épaules, les socialistes y ont d’ailleurs contribué ces derniers jours.

Frederic Sierakowski / Isopix

Mais les positions ne changent pas ou peu. Il parait que Paul Magnette et Bart De Wever se sont rencontrés discrètement ce mercredi. Une ‘discussion franche’, nous dit-on. Mais pour se dire quoi? On sait que les nationalistes ne veulent pas du pouvoir fédéral, trop dangereux, avec le souffle du VB dans le cou. Mais la N-VA a l’avantage de ne pas devoir se plier aux règles du jeu. Elle joue sur deux tableaux. Si la situation s’envenime, ce n’est pas son problème, c’est même une excellente chose: cela prouve que la maison Belgique ne fonctionne plus. Bart De Wever veut toutefois se montrer responsable et mélange son envie de prendre la main aux saillies.

Se profilent alors de nouvelles élections. Mais qui en veut? Au vu du dernier baromètre, la situation sera encore pire et les solutions de moins en moins évidentes.

Mission pourrie

C’est dans ce contexte que les deux informateurs, Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (CD&V), doivent remettre leur rapport au roi. Et ils ont toutes les chances de voir leur mission prolongée.

Pourquoi? Parce que le contraire provoquerait une situation sans doute encore pire. Il faut gagner du temps. C’est d’ailleurs ce que le roi a toujours fait depuis le début des négociations. Reste à savoir pour quoi faire. Et la réponse à cette question est de moins en moins évidente.

Daina Le Lardic / Isopix

En plus de toutes les raisons évoquées plus haut, le travail des deux nouveaux informateurs n’est pas des plus optimal. Bouchez et Coens n’ont pas d’expérience dans la gestion de ce type de crise. Et le comportement de Bouchez, souvent appelé ‘le mâle alpha’ par ses collègues, ne facilite pas les choses. Réunions organisées au dernier moment voire carrément annulées, retards intempestifs, le climat n’est pas propice aux discussions. Et ça commence à s’énerver.

Alors il reste la solution communautaire. Va-t-il falloir passer par une nouvelle réforme de l’Etat? On sait que la N-VA a des plans. Ce qui ne semble pas être le cas du PS. Il serait peut-être temps de l’envisager.

Ils auront du temps. Car avec les fêtes de Noël, on s’attend logiquement à une pause. Confier une mission à Bart De Wever pour qu’il joue enfin cartes sur table? Possible. Mais on tournerait en rond. Que ce soit pour l’arc-en-ciel ou la bourguignonne, le terrain n’est pas fertile.

C’est à se demander s’il ne faut pas faire appel aux lumières divines.

Update

Les deux informateurs ont finalement été prolongés. Ils poursuivront leur mission jusqu’au 13 janvier. Le but est maintenant d’enterrer, provisoirement en tout cas, l’arc-en-ciel et la Bourguignonne. Pour repartir sur une nouvelle dénomination plus au centre et rassembleuse.

Mais bon, pas sûr que cette méthode cosmétique change quoi que ce soit. Pour rappel, le CD&V et le CDH comptent ensemble 26 sièges sur 150. Preuve qu’on est dans de la rhétorique pure.

Et Georges-Louis Bouchez de conclure: ‘Nous voulons insister sur la gravité de la situation. Il y a eu certaines attitudes qui ont compliqué les choses. Nous appelons l’ensemble des acteurs politiques à la retenue.’

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