Les exportations britanniques de nourriture et de boissons vers l’UE s’effondrent

Neuf mois après l’entrée en vigueur du Brexit, il apparait que le secteur britannique de l’alimentation et de la boisson est très fortement touché. Une multitude de facteurs ont provoqué une chute de leurs exportations vers l’Union européenne au premier semestre 2021.

La Food and Drink Federation (FDF) britannique vient de livrer son bilan pour les six premiers mois de l’année. Il est dramatique. D’après ses calculs, les producteurs ont perdu 2 millions de livres sterling (soit plus de 2,3 millions d’euros) en matière de ventes vers l’Union européenne.

Un manque à gagner qui n’a pas pu être compensé par l’augmentation des ventes au cours de la même période dans les pays non membres de l’UE, notamment en Chine et en Australie.

Qualifiant ces pertes de « désastreuses », Dominic Goudie, responsable du commerce international à la FDF a indiqué que cela « démontrait clairement les graves difficultés auxquelles les fabricants du secteur continuent d’être confrontés et le besoin urgent d’un soutien spécialisé supplémentaire ».

Paperasserie, coûts administratifs et manque de main-d’œuvre

Les exportateurs britanniques ont du mal à faire face à la paperasserie et aux coûts administratifs supplémentaires induits par l’entrée en vigueur du Brexit le 1er janvier 2021. Désormais, les entreprises se doivent de documenter leurs produits avant leur entrée dans l’UE. Pour des raisons de normes commerciales, douanières et sanitaires.

Par conséquent, les sociétés qui exportent des denrées alimentaires figurent parmi les principales victimes. Elles subissent nombre de contrôles physiques sanitaires et phytosanitaires (SPS). Les camions doivent notamment procéder à des déchargements partiels ou complets à Calais et dans d’autres ports en cas de document manquant.

En outre, les exportateurs britanniques d’alimentation et de boissons font face à une pénurie de main-d’œuvre, notamment de chauffeurs routiers et d’ouvriers d’entrepôt. De graves soucis au niveau de la chaîne d’approvisionnement qui ont même un impact sur les rayons des magasins britanniques, de moins en moins bien fournis.

Quels sont les pays vers lesquels les exportations chutent le plus ?

Par rapport au premier semestre 2019, c’est vers l’Espagne que les exportations britanniques de nourriture et de boissons ont le plus chuté. Elles y ont diminué de moitié (-54%), au même titre que celles vers l’Italie (-50%) et l’Allemagne (-49%). Les chiffres relatifs à la Belgique (-23%) et la France (-11%) sont moins dramatiques.

Au niveau des produits, ce sont le bœuf (-37%) et le fromage (-34%) qui sont les plus touchés.

Face à ces lourdes pertes, les responsables de la FDF alertent qu’un phénomène qu’ils redoutaient est effectivement en train de se produire. Certaines entreprises déplacent leurs opérations de production à l’exportation vers des pays de l’UE. Dans le même temps, les importateurs européens se mettent à chercher d’autres fournisseurs » ce qui contribue au déclin actuel des exportations et des emplois britanniques », a signalé John Whitehead, directeur de la FDF, cité par le Guardian.

Un problème similaire devrait bientôt se poser au niveau des exportations européennes vers le Royaume-Uni. En effet, si l’UE a commencé à imposer de lourds contrôles à partir du 1er janvier dernier, le Royaume-Uni se prépare à en faire de même. Avec de nouveaux contrôles fiscaux dès le 1er octobre, et davantage de contrôles sanitaires à partir du 1er janvier 2022.

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