Les ‘experts’ se font critiquer par les politiciens suite à leur volonté de fermer les frontières: ‘Nous ne sommes pas la Nouvelle-Zélande’

Encore une journée rythmée par les sorties ‘d’experts’ qui font pression sur les décideurs politiques (via les médias) pour que les mesures sanitaires soient renforcées. Ces appels font la une, mais un autre message, plus optimiste, nous vient du ‘Seize’: ‘Nous devons rester calmes. Nos règles et nos mesures ont porté leurs fruits au cours des dernières semaines’. Toutefois, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a envoyé un autre son de cloche: elle a décidé de renforcer les règles pour les voyageurs.

Dans l’actualité: De grandes déclarations sur la ‘fermeture des frontières’ sont à nouveau à l’ordre du jour.

Les détails: Le duo formé par Marc Van Ranst et Geert Molenberghs poussent pour une politique plus stricte.

  • Dans quelle mesure la Belgique peut-elle rester une île et dans quelle mesure sommes-nous prêts à payer le prix pour en garder l’illusion? C’est la question clé qui préoccupe les responsables politiques en charge de la crise ces jours-ci. Les ‘voyageurs’ et les nouvelles variantes du virus font l’objet de discussions constantes.
  • Les ‘experts’ jouent un rôle clé à cet égard. Après le Celeval et le GEES, le GEMS est depuis quelque temps le dernier organe consultatif à conseiller le gouvernement sur une stratégie de crise. Cet organisme est dominé par les mêmes virologues et ‘experts’ qui ont fait parler d’eux tout au long de la crise, à l’exception d’une courte période cet été.
  • Mais le même phénomène se répète sans cesse: les conseillers des décideurs politiques sont actifs en coulisses, mais apparaissent en même temps comme des visages publics, qui ont toujours carte blanche sur les plateaux des chaînes télévisées et dans certains journaux, afin d’orienter et d’ajuster publiquement la même politique qu’ils ‘conseillent’.
  • Le fait que le focus s’opère uniquement sur le secteur médical, sans aucune expertise du monde économique ou psychosocial (sans parler d’un ‘psychologue de la motivation’), est également un constat qui a été dressé il y a plusieurs mois déjà. 
  • Cela impacte significativement les mesures prises, notamment l’attention permanente portée à la génération la plus âgée, qui a même été privilégiée par rapport aux travailleurs des soins de santé et des hôpitaux dans la stratégie de vaccination. En revanche, on ne se préoccupe guère du bien-être (mental) de la jeune génération, c’est-à-dire des personnes âgées de 12 à 25 ans.
  • L’emprise que ces ‘conseillers’ exercent sur nos politiques n’est pas près de s’arrêter: aujourd’hui, De Standaard a divulgué les conseils que les experts du GEMS ont donné au gouvernement la semaine dernière: fermer à nouveau les magasins non-essentiels si la situation venait à se détériorer. Tout dépendrait des deux variantes du virus, à savoir la variante ‘sud-africaine’ et la variante ‘britannique’.
  • Il s’agit des dernières souches détectées. Elles incitent à la plus grande vigilance et poussent aussi les ‘experts’ à tirer la sonnette d’alarme pour que le gouvernement prenne des mesures plus sévères. Les ‘fermetures des frontières’ et  ‘l’interdiction de voyager’ ont été évoquées.
  • Ce matin, sur Radio 1, Van Ranst a plaidé une nouvelle fois pour ces mesures. Pour l’instant, les voyageurs ne sont tenus de se mettre en quarantaine que s’ils restent plus de 48 heures à l’étranger. ‘L’idéal serait que tout le monde, y compris les voyageurs d’affaires qui se déplacent dans le pays, soit isolé pendant sept jours. Parce que souvent, ce genre de voyageurs adopte un comportement risqué’, a-t-il déclaré ce matin.
  • Molenberghs, lui aussi dans De Standaard, souhaite que le gouvernement agisse: ‘En tout cas: s’il y a le moindre doute, je pense qu’il ferait mieux d’agir. Je constate que le RIVM aux Pays-Bas tire également la sonnette d’alarme’.

Vue d’ensemble: il ne s’agit pas d’un gouvernement des virologues. Mais le maintenir tel quel ne sera pas évident non plus.

  • Sous la précédente équipe fédérale, dirigée par Sophie Wilmès (MR), les conseillers qui les entouraient exerçaient une pression similaire, dénoncée à plusieurs reprises en privé par la Première ministre. À tel point que cette politique de pression a été baptisée ‘le gouvernement des virologues’: ce sont les experts qui ont dicté les règles.
  • Aux débuts du gouvernement De Croo I, une intention claire de reprendre le contrôle, tant en termes de direction que de communication, s’était manifestée. Un commissaire Corona, Pedro Falcon, devait d’ailleurs aider à cette tâche.
  • Mais depuis que ce dernier s’est (temporairement) retiré de ses fonctions, les ‘conseillers’ ont à nouveau plus de latitude. Le problème, c’est qu’ils doivent faire face à un ministre de la Santé publique très communicatif, Frank Vandenbroucke, qui entend garder son calme et qui veille à ne pas communiquer de manière trop négative.
  • Il a également le soutien du ‘Seize’, qui affirme que les mesures adoptées au cours de ces dernières semaines ont été notre force. ‘Rester calme’, c’est la devise actuelle du Premier ministre.
  • Cependant, le ‘Seize’ s’intéresse plus particulièrement aux  congés de Carnaval, où  il souhaite opérer de façon plus affutée que pendant les vacances de Noël. ‘Mais les mesures sont dorénavant quand même plus strictes, et tous ces voyageurs potentiels  en on conscience’.
  • Les nouvelles souches du virus ne suscitent pas la panique partout: ‘Ces ‘variantes’ sont présentes dans notre pays depuis longtemps. Dire qu’il faut à tout prix empêcher que les nouvelles variantes n’entrent sur territoire belge, c’est une illusion et un non-sens. Nous ne sommes pas la Nouvelle-Zélande’.
  • Mais la lutte de pouvoir dans le cadre de la gestion de cette crise se poursuit, et ce climat  pourrait éroder la confiance que les citoyens ont en leurs décideurs politiques. Le ‘baromètre de la motivation’, qui évalue dans quelle mesure la population veut suivre les mesures à la lettre, s’enfonce à des profondeurs qui n’avaient pas été mesurées depuis le mois d’août.
  • Pour ne rien arranger, on remarque aussi une certaine dissonance communicationnelle dans les rangs du Premier ministre. Alors que le Premier ministre et son vice-Premier ministre adoptent tous les deux une position ‘calme’, la ministre de l’Intérieur envoie un signal différent. Annelies Verlinden (CD&V) a annoncé ce matin qu’elle durcissait les règles pour les passagers à bord des bus et des trains qui se rendent à l’étranger.
  • Dorénavant, les passagers devront remplir le Passenger Locator Form (PLF), quelle que soit la durée de leur séjour à l’étranger et en Belgique. Les voyageurs en provenance d’une zone rouge qui n’ont pas leur résidence principale en Belgique devront également présenter un test négatif avant de rentrer sur le territoire belge.
  • Ainsi, d’une part, les politiques prêchent le ‘calme’ et d’autre part, le ministre de l’Intérieur prend des mesures. Hier, c’était encore la même histoire: autour d’un décret ministériel, qui a soudainement prolongé les mesures jusqu’en mars, Verlinden a donné beaucoup d’explications, y compris le fait que ce genre de mesures seront toujours valables pendant six semaines, ce qui n’est pas tout à fait vrai. Quoi qu’il en soit, Verlinden s’est finalement excusée pour cette approche. Et dans le même temps, le ‘Seize’ a minimisé le tout, et laissé entendre qu’il s’agissait de beaucoup de bruit pour rien.
  • Le même phénomène s’est produit avec la fameuse ‘loi pandémie’. Annelies Verlinden a annoncé cette  loi en déclarant qu’il y aurait ‘enfin’ un cadre pour renforcer la base juridique et démocratique des mesures actées. Mais hier, à la Chambre, le Premier ministre a souligné qu’il y avait un certain danger dans tout cela. ‘Dans un moment comme celui-ci, nous devons nous assurer que les mesures ont une base juridique, qu’elles ont été testées, que nous n’essayons pas de miner la stabilité des mesures actuelles. (…) Nous ne devons pas laisser la base juridique s’effondrer à un moment aussi délicat.’

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