Les Chinois construisent une nouvelle centrale à gaz dans notre pays : migraine en vue sur la dépendance énergétique

Pour la construction de la nouvelle usine de gaz aux Awirs, dans la province de Liège, le géant de l’énergie Engie a signé un contrat avec un sous-traitant chinois : la multinationale Sepco3, rapporte Het Laatste Nieuws. L’usine à gaz a été construite à l’origine pour permettre la sortie du nucléaire ; une sortie finalement reportée, mais les centrales au gaz seront toujours bien présentes.

Pourquoi est-ce important ?

Le gouvernement fédéral a décidé de maintenir les deux plus jeunes réacteurs nucléaires, Doel 4 et Tihange 3, ouverts jusqu'en 2035 (au moins) : c'est dix ans de plus que ce qui était prévu dans la loi sur la sortie du nucléaire. Dans le même temps, un projet de deux centrales électriques au gaz supplémentaires, dont l'une aux Awirs, sera retenu. Mais en réalité, ces centrales ont été conçues comme une alternative à l'arrêt complet des de la filière nucléaire.

L’entreprise énergétique française Engie exploitera la centrale électrique au gaz des Awirs. En revanche, pour la construction, le démarrage et la mise en service de la station, elle coopérera avec la société chinoise Sepco3. « Mais c’est tout », est-il écrit.

Régimes autocratiques

Confier à une puissance étrangère et autoritaire la mise en place d’un approvisionnement énergétique national est toujours une manœuvre géostratégique délicate – d’autant plus à la lumière de l’agression de la Russie en Ukraine. Les pays de l’Union européenne ont été sous les feux de la rampe ces derniers mois en raison de leur dépendance non négligeable à l’égard de l’énergie russe (45 % des importations de gaz de l’UE et 30 % de ses importations de pétrole proviennent de l’agresseur de l’Ukraine).

Le cabinet de la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Verts) affirme ne pas être au courant de l’accord, mais se dit confiant que le sous-traitant chinois « respectera la loi belge ». L’opposition, elle, n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Il est clair que la dépendance énergétique de la Russie nuit à l’Occident », note le député N-VA Theo Francken sur HLN. « Et juste à ce moment-là, nous avons laissé une usine au gaz controversée être construite par les Chinois, cette autre puissance mondiale autocratique. »

Émissions d’azote

Engie a conclu l’accord avec l’entreprise de construction chinoise après que son projet aux Awirs, un site doté d’une ancienne centrale électrique à biomasse, ait été l’un des gagnants de l’appel à projets du CRM, ou Mécanisme de rémunération de capacité, un système de subventions approuvé par l’Europe pour les centrales électriques au gaz – un mécanisme qui a été mis en place au moment de la sortie du nucléaire.

L’autre projet gagnant de l’offre de subventions était la centrale électrique au gaz de Vilvoorde. Mais le projet fie entre les doigts d’Engie suite à l’opposition de la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA). En novembre de l’année dernière, Mme Demir a refusé d’accorder un permis environnemental pour la construction de cette centrale au gaz. Les émissions d’azote de la centrale électrique seraient trop élevées selon les normes flamandes.

C’est Eneco (Manage) ou Luminus (Seraing) qui devraient récupérer le gros lot, à moins qu’Engie utilise la prolongation du nucléaire pour se relancer dans le parcours. La multinationale française a en tout cas fait appel de la décision.

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