Les boutons Netflix et Amazon Prime sur les télécommandes concurrencent-ils déloyalement la télévision ?

La présence de raccourcis pour les services de streaming américains sur les télécommandes et autres box Internet pose question en France, notamment vis-à-vis du PAF, le paysage audiovisuel français. Ces boutons, bien que pratiques pour les consommateurs, pourraient en effet porter préjudice aux chaines de télévisions françaises et donc, aux productions made in France.

La guerre entre la télévision traditionnelle et les plateformes de streaming se poursuit sur un nouveau terrain, celui des télécommandes de téléviseurs. L’Assemblée nationale française s’interroge en effet sur le bienfondé de la présence de ces raccourcis sur les télécommandes des consommateurs, de même que sur les écrans d’accueil des box Internet. Ne favorisent-ils pas de manière anticoncurrentielle les géants du streaming au détriment des autres acteurs audiovisuels ? C’est la question que les parlementaires devront trancher d’ici fin janvier, rapporte Les Échos.

Les productions françaises avant tout

On sait combien la France est attachée à ses productions audiovisuelles et réfractaire aux géants du streaming venus tout droit des États-Unis. C’est d’ailleurs pourquoi elle les a obligés à intégrer des films et séries français sur leur plateforme, mais aussi à produire un certain nombre de contenus sur le territoire français.

L’inflexibilité des cérémonies de récompenses du 7e art à prendre en compte les films et séries produites par Netflix ne fait que démontrer une opposition marquée à ce nouveau média qui vient concurrencer le cinéma traditionnel.

Cette nouvelle bataille n’est donc qu’une tentative de plus pour contenir la progression des plateformes de streaming toujours plus présentes sur le paysage audiovisuel en France.

Un combat qui pourrait tourner en la faveur des chaines de télévision. Ces dernières ont d’ailleurs déjà obtenu gain de cause concernant les interfaces des téléviseurs. Un nouvel article ajouté à la loi de 1986 sur l’audiovisuel préconise en effet une « visibilité appropriée » des services d’intérêt général français, sous peine de sanctions. Reste à voir ce que « visibilité appropriée » et « services d’intérêt général français » regroupent.

Concurrence déloyale ?

Mais la question de savoir si la présence de ces boutons raccourcis n’est pas une forme de concurrence déloyale reste légitime, bien au-delà du point de vue de la télévision qui cherche avant tout à rester dans la course. Des plus petits acteurs tels que Salto ou Filmo TV n’ont pas forcément les moyens des géants Netflix ou Amazon pour signer des deals avec les fabricants de téléviseurs. Alors que faire? In fine, la décision de l’Assemblée nationale française pourrait donner lieu à un avis qui pourrait rétablir une concurrence équilibrée entre les différents acteurs de la sphère audiovisuelle…au détriment des consommateurs.  

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