L’économiste en chef de la BCE s’oppose à une hausse des taux de 75 points de base : « Une augmentation progressive est essentielle »

Le 8 septembre, les membres du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) se réuniront. Les investisseurs n’excluent pas que Christine Lagarde, présidente du régulateur, annonce ce jour-là une hausse des taux d’intérêt de 75 points de base, alors que Philip Lane, économiste en chef de la BCE, est opposé à une augmentation aussi forte.

Septembre sera un mois passionnant pour les investisseurs. Après une pause d’un mois, les membres du conseil d’administration de plusieurs banques centrales se réuniront à nouveau pour discuter de la politique monétaire.

Ces dernières semaines, il est devenu évident que les banques centrales n’envisageaient actuellement pas de desserrer le frein à main. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, a par exemple déclaré dans son discours à la conférence « Jackson Hole » que les familles et les entreprises continueront à souffrir.

Crainte d’une augmentation de 75 points de base

Dans notre partie du monde, on craint que la BCE n’annonce une hausse des taux de 75 points de base le mois prochain. Certains membres du conseil d’administration ont déjà indiqué qu’ils y étaient favorables. C’est ce qu’a rapporté l’agence de presse Reuters la semaine dernière sur la base de cinq sources. Cette volonté de maîtriser l’inflation a également été clairement exprimée dans le compte rendu de la dernière réunion de la BCE. Il a été décidé de relever le taux d’intérêt de 50 points de base. Il s’agissait de la première augmentation en onze ans.

Une forte hausse des taux d’intérêt inquiète les investisseurs, car une telle décision politique pèse sur le cours des actions. La dette des entreprises augmente et les investissements à revenu fixe, tels que les obligations d’État, rapportent plus d’argent.

Lane n’est pas favorable à une augmentation de 75 points de base. Il a souligné lundi la nécessité d’une hausse progressive des taux d’intérêt. « Un resserrement de la politique monétaire en plusieurs étapes est susceptible d’avoir moins d’impact négatif que le même resserrement qui consiste en un nombre plus restreint de hausses de taux d’intérêt plus importantes », a-t-il déclaré.

Le spectre de la récession

En outre, un relèvement trop rapide des taux d’intérêt pourrait plonger l’économie de la zone euro dans la récession. La guerre en Ukraine a provoqué une flambée des prix de l’énergie. Le dernier rapport sur l’inflation belge montre que cette hausse des prix se répercute de plus en plus sur d’autres produits, y compris les denrées alimentaires. Cette situation, conjuguée à la hausse des salaires, pourrait faire en sorte que l’inflation reste élevée pendant un certain temps.

Une autre question est de savoir dans quelle mesure la BCE peut tempérer l’inflation. Certains économistes notent que la dépréciation monétaire est en grande partie le résultat de problèmes liés à l’offre, sur lesquels la BCE n’a pas beaucoup d’influence. La politique monétaire a principalement un impact sur la demande. Le prix Nobel Joseph Stiglitz a même averti récemment qu’une hausse trop rapide des taux d’intérêt pourrait rendre la vie encore plus chère. En bref : Lagarde et son équipe continuent de faire face à un énorme défi.

(JM)

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