« L’économie mondiale pourrait bientôt être confrontée à l’un des plus grands chocs énergétique jamais enregistrés »

La relance post-covid, puis la guerre en Ukraine, ont fait exploser les prix du pétrole. Quand s’arrêtera l’envolée des prix? Nul ne sait le dire. Mais de nombreux experts s’essaient à la prédiction de l’ampleur de la crise. Pour Goldman Sachs, il s’agira « d’un des plus grands chocs de tous les temps ».

« Crise énergétique », « comme en 1973« , « la mère de tous les chocs énergétiques » ; les superlatifs ne manquent pas pour décrire la flambée des prix de l’énergie qui en résultent. C’est que la chose inquiète les investisseurs, les politiques, tout comme la population.

La banque américaine Goldman Sachs s’est également essayée à l’exercice de prédire où cette crise va nous mener et note l’incertitude avant toute chose. « L’incertitude sur la manière dont ce conflit et les pénuries de pétrole seront résolus est sans précédent », notent les experts de la banque dans un rapport consulté par CNN.

Pour le pétrole d’abord, l’embargo américain et britannique, qui pourrait être suivi par d’autres pays, crée de la rareté sur le marché : avec une demande forte, et une offre plus faible, les prix augmentent. « Ils peuvent augmenter jusque 240 dollars le baril cet été », note Rystad Energy, une société de recherches sur l’énergie, dans un rapport. L’abandon du pétrole russe de la part de l’Occident créerait ainsi un trou de 4,3 millions de barils par jour sur le marché, impossible à combler.

« Compte tenu du rôle clé de la Russie dans l’approvisionnement énergétique mondial, l’économie mondiale pourrait bientôt être confrontée à l’un des plus grands chocs d’approvisionnement énergétique jamais enregistrés », continue Goldman Sachs. L’ampleur du choc serait alors « potentiellement énorme ».

La cinquième plus importante pénurie de l’histoire?

Les chiffres exacts du nombre de barils de pétrole russe qui vont disparaître du marché ne font pas l’unanimité. Certains parlent de sept millions par jour, et d’autres, comme Rystad, de 4,3 millions. La nuance est dans le nombre de pays qui prononcent des embargos, et dans quelle mesure ceux-ci seront implémentés (au Royaume Uni par exemple, l’embargo est progressif, et le but est d’arrêter les imports de produits pétroliers jusque fin 2022).

Ainsi, les experts de Goldman Sachs s’attendent à une disparition de trois millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers, envoyés par voie maritime. Si une telle diminution arrive effectivement, elle serait la cinquième pénurie la plus importante de l’histoire, après l’embargo des pays arabes en 1973, la révolution iranienne de 1978, la guerre entre l’Iraq et l’Iran (1980) et la guerre entre le Koweït et l’Iraq (1990).

« Destruction de la demande par les prix hauts »

Le constat est sans appel, il n’y a pas de solution de remplacement au pétrole russe, et pas même de tampon. La banque indique alors que la situation mènera à la « destruction de la demande par les prix hauts ». Les prix, déjà exorbitants, pourraient devenir si importants que la demande cesserait. Cela aurait un effet baissier sur les prix, pourrait-on alors se réjouir, mais cela représente également un danger pour l’économie. Des limitations, voire des rationnements de la demande, analyse la banque, se traduiraient alors par moins de production de plastique, moins de vols, et moins de déplacements ; donc moins de transports de marchandises, également.

« L’éventail des résultats possibles reste extrême compte tenu de la menace que représente une flambée des prix du pétrole pour l’économie mondiale », continuent les experts.

Selon d’autres voix, cette crise est alors le signe évident qu’il faut changer de modèle économique et se défaire du pétrole. Mais à court terme, le passage à plus de renouvelable, à plus d’électrique, au zéro plastique, ou à d’autres carburants, n’est pas possible, même si de nombreux pays, comme l’Allemagne, y voient l’occasion pour accélérer la transition énergétique. Dans l’immédiat, nous restons dépendants du pétrole, et cette accumulation de superlatifs pour décrire la flambée des prix nous montre que le choc sera effectivement dur.

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