Le yen au plus bas depuis 33 ans : la Banque du Japon pourrait bien relever les derniers taux d’intérêt négatifs du monde

La banque centrale japonaise s’est jusqu’à présent refusée à relever ses taux d’intérêt, malgré 18 mois d’inflation ininterrompue. Mais elle pourrait bien changer d’avis. Avec de réelles conséquences sur les marchés monétaires mondiaux.

Dans l’actualité : la monnaie japonaise a dépassé la barre des 150 yens pour un dollar, ce vendredi. Un seuil symbolique qui, par le passé, avait poussé la banque centrale du pays, la Bank of Japan (BoJ) à réagir. Celle-ci a jusqu’ici refusé de relever ses taux d’intérêt, malgré une monnaie en chute et 18 mois d’inflation élevée.

Un yen au plus bas et une inflation persistante

La BoJ va-t-elle finalement se décider à agir ? C’est ce que pensent divers analystes financiers, rapporte le Financial Times. La banque centrale japonaise doit entamer une réunion d’importance devant durer deux jours, ces lundi et mardi. On s’attend donc à une décision relativement radicale. Sinon, la chute du yen risque de s’accélérer.

  • La BoJ mène une politique non conventionnelle de « contrôle de la courbe des rendements », consistant à acheter des obligations gouvernementales pour maintenir les rendements en dessous d’un niveau fixé.
  • Il y a un peu moins d’un an, la banque centrale annonçait qu’elle achèterait chaque mois pour 9.000 milliards de yens d’obligations d’État. Et ce, rien que pour maintenir bas les taux d’intérêt.
  • Or, le rendement de l’obligation gouvernementale japonaise de référence à 10 ans a atteint 0,89 % la semaine dernière. Cela parait vraiment très peu, mais c’est en fait le plus haut atteint depuis 2013. Et c’est le double de l’année dernière. Face à une inflation persistante qui commence à impacter la consommation, la banque centrale pourrait finalement décider de relever ce taux.
  • L’inflation japonaise est passée sous la barre des 3% en septembre, se rapprochant donc des 2% souhaités. Mais cela fait 18 mois d’affilée qu’elle est plus haute que prévu. En outre, si l’on exclut les prix de l’énergie et des aliments frais, l’inflation atteint 4,2 %, contre 4,3 % le mois précédent.

Les prévisions : Barclays s’attend à ce que la BoJ abandonne entièrement sa politique de contrôle. UBS voit les taux grimper jusqu’à 1,5%. Mais Goldman Sachs, Nomura et Morgan Stanley parient plutôt sur le statu quo.

Le détail qui change tout : si tous les grands acteurs du monde financier s’intéressent tant à la politique monétaire japonaise, c’est parce que les institutions japonaises font partie des plus grands détenteurs de dettes américaine et européenne, rappelle le FT. Si tout d’un coup, les taux deviennent meilleurs à domicile, il n’est pas exclu que ces détenteurs nippons se mettent à vendre leurs parts actuelles.

  • C’est toutefois plus théorique qu’autre chose, en l’état. Mais un changement de fusil d’épaule de la BoJ ferait sauter un gros tabou dans la gestion monétaire de Tokyo. À moyen terme, si ce mouvement se poursuivait, le Japon pourrait connaitre des hausses des taux comparables au reste du monde.
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