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Le succès des bons d’État laisse un arrière-goût amer

Le succès des bons d’État laisse un arrière-goût amer
Le ministre fédéral des Finances Vincent Van Peteghem (cd&v) – NICOLAS MAETERLINCK/Belga/AFP via Getty Images

Le bon d’État à un an dépasse les attentes. Derrière ce succès se cache toutefois une vérité qui donne à réfléchir : les Belges sont toujours prêts à sacrifier leur pouvoir d’achat tant qu’ils peuvent placer leur argent en lieu sûr.

L’essentiel : le bon d’État séduit les épargnants belges. Au cours des 36 premières heures d’émission, le gouvernement a déjà pu récolter 4 milliards d’euros. Les personnes intéressées ont encore jusqu’au 1er septembre pour souscrire au bon d’État. Ce montant peut donc encore augmenter de manière substantielle.

  • Tout indique donc que le bon d’État du ministre des Finances Vincent Van Peteghem battra le record du bon dit Leterme. En 2011, cette émission avait permis au gouvernement fédéral de récolter 5,7 milliards d’euros.

Un arrière-goût amer

Analyse : Le succès retentissant du bon d’État montre que les Belges préfèrent encore la sécurité au rendement.

  • Certes, le bon d’Etat a secoué les investisseurs. Les derniers chiffres de l’Agence de la dette montrent que 56.532 Belges ont déjà souscrit au bon d’Etat via le site de l’agence gouvernementale. Et ce, pour un montant total de 2,1 milliards. Les 1,9 milliards d’euros restants proviennent des souscriptions via les 13 banques qui commercialisent le bon d’Etat.
  • En 2022, les premières augmentations des taux d’épargne ont eu peu d’impact sur le marché de l’épargne. Les données du service de changement de banque montrent que l’année dernière, seuls 22.028 compatriotes ont utilisé ce service pour ouvrir un compte d’épargne auprès d’une autre institution financière.

Mais : en optant pour la sécurité, les Belges sacrifient leur pouvoir d’achat.

  • L’obligation d’État rapporte plus que n’importe quel compte d’épargne, mais cela ne signifie pas que votre pouvoir d’achat est suffisamment protégé. L’obligation d’État est assortie d’un taux d’intérêt net de 2,81 %. En revanche, l’inflation belge s’est élevée à 4,14 % en juillet. Cela signifie que le rendement réel, à inflation inchangée, s’élève à -1,33 %. Ainsi, pour 1.000 euros investis dans le bon d’État, vous perdez 13,3 euros de pouvoir d’achat.

Prendre des risques pour protéger son pouvoir d’achat

Solution : ceux qui veulent protéger leur pouvoir d’achat doivent se tourner vers d’autres horizons. À long terme, vous pouvez le faire en investissant dans des actions, des ETF ou des fonds communs de placement. Mais tout le monde n’est pas prêt à investir une partie de son argent. Les Belges sont de nature peu enclins à prendre des risques. Mais le gouvernement n’est pas étranger à cette situation.

  • Avec le bon d’Etat d’un an, la Belgique encourage les Belges à ne pas prendre de risques et donc à s’appauvrir. Ainsi, le ministre des Finances Vincent van Peteghem (CD&V) a temporairement réduit le précompte mobilier sur les bons d’Etat de 30 à 15 %.
    • « C’est une bonne chose que le ministre des Finances titille les banques avec un bon d’État à taux d’intérêt plus élevé. Mais cela renforce la culture de l’absence de risque et l’appauvrissement du secteur financier », écrit l’économiste Geert Noels dans un article publié dans De Tijd.
    • L’épargne est également encouragée fiscalement. Par exemple, sur les 980 premiers euros d’intérêts, vous ne devez pas payer de précompte mobilier. Au-delà de ce plafond, vous êtes redevable d’un impôt de 15 %, ce qui constitue donc – comme pour le compte à terme d’un an – un taux avantageux.
  • En outre, la complexité de la fiscalité des produits d’investissement décourage sans aucun doute de nombreux investisseurs potentiels. Il faut en effet tenir compte de toutes sortes de taxes, dont la taxe sur les transactions boursières et la taxe Reynders dans le cas des fonds d’investissement.

Paradoxalement, le ministre souhaite simplifier la fiscalité. Dans le projet de réforme fiscale proposé par Van Peteghem à l’été 2022, on peut lire qu’il veut taxer tous les revenus du capital, y compris les revenus de l’épargne. En revanche, il veut étendre l’exonération fiscale, actuellement réservée aux seuls comptes d’épargne réglementés, à tous les revenus du capital. Dans ce projet, le ministre parlait d’une exemption jusqu’à 6.000 euros.

  • Cependant, cette réforme fiscale n’a abouti à rien. L’objectif était de l’avoir finalisée avant la pause estivale. Il reste donc à voir si une simplification de la fiscalité des revenus du capital verra réellement le jour. »

(JM)

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