Le retour en grâce du vaccin d’AstraZeneca : pourquoi il offrirait une protection plus longue

La semaine dernière, Pascal Soriot, directeur général d’AstraZeneca, a déclaré que le vaccin contre le Covid-19 de sa société pourrait offrir une protection plus longue que les vaccins à ARNm tels que ceux de Pfizer, en particulier chez les personnes âgées. Cela pourrait expliquer le taux d’hospitalisation plus stable au Royaume-Uni par rapport à l’escalade de la situation en Europe continentale. Mais pourquoi AstraZeneca ferait-il mieux à long terme ? Et pourquoi serait-il même meilleur pour maintenir son efficacité dans le temps contre des variants tels que Delta et Omicron ?

Le Royaume-Uni a utilisé le vaccin d’AstraZeneca beaucoup plus largement que d’autres pays européens, qui ont limité son utilisation à des groupes d’âge plus élevés ou ont cessé de l’utiliser après que des caillots sanguins ont été signalés dans de très rares cas.

Il n’y a pas encore assez de preuves pour soutenir l’affirmation du PDG. Mais nous connaissons beaucoup mieux les vaccins à adénovirus, comme ceux d’AstraZeneca, car ils existent depuis des décennies, alors que les vaccins à ARNm sont relativement nouveaux. Et théoriquement, il est possible que les vaccins à adénovirus puissent fournir une protection plus durable contre le Covid via les lymphocytes T, ou cellules T, un élément crucial de notre système immunitaire distinct des anticorps.

Le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca est un vaccin à adénovirus. Cela signifie qu’il utilise un type de virus courant qui affecte les humains et de nombreux autres animaux, et qui a été génétiquement modifié pour qu’il ne se réplique pas. Il est utilisé comme un moyen de transport pour amener l’information du vaccin dans nos cellules. Dans ce cas, les informations contenues dans l’adénovirus indiquent à notre organisme comment est faite la protéine-spike du coronavirus. Cela apprend à notre système immunitaire à faire face au coronavirus si nous y sommes exposés.

Anticorps et cellules T

Les vecteurs adénoviraux sont utilisés en médecine depuis plusieurs décennies dans d’autres vaccins et également dans le traitement du cancer. Ils sont très efficaces pour stimuler à la fois la production d’anticorps et les réponses des lymphocytes T.

Les anticorps se lient étroitement à une cible spécifique, retenant les virus envahisseurs et les empêchant de pénétrer dans nos cellules. Mais le système immunitaire ne se résume pas aux anticorps. Les cellules T sont également très importantes pour notre réponse immunitaire et jouent plusieurs rôles. Un type, appelé « cellules T tueuses », attaque et détruit les cellules infectées par le virus.

Un autre type, appelé « cellules T auxiliaires », interprète la nature de l’infection et aide le système immunitaire à réagir de manière appropriée. Il s’agit notamment d’activer les lymphocytes T tueurs pour détruire les cellules infectées par le virus et d’aider les lymphocytes B à fabriquer des anticorps.

Le taux anticorps diminue avec le temps, ce qui peut entraîner un plus grand nombre de percées infectieuses chez des personnes pourtant vaccinées. Lorsque les virus ne sont pas arrêtés par les anticorps, nous comptons sur les cellules T tueuses pour éradiquer le virus. Et les cellules T contribuent à coup sûr à prévenir les conséquences graves si vous êtes contaminé par le Covid-19.

Il est beaucoup plus difficile pour un virus d’échapper à une réponse immunitaire basée sur les lymphocytes T. Ainsi, un vaccin qui génère une forte immunité des cellules T devrait contribuer à maintenir l’efficacité dans le temps contre des variants tels que Delta et Omikron.

La protection par anticorps semble décliner relativement rapidement dans les vaccins à ARNm

Tous les vaccins anti-Covid stimulent la production d’anticorps et de cellules T par notre organisme. Les questions clés sont donc les suivantes : le vaccin d’AstraZeneca produit-il une réponse des cellules T plus durable que les vaccins à ARNm ? Et cela pourrait-il être une raison pour laquelle le Royaume-Uni, qui a beaucoup compté sur le vaccin d’AstraZeneca, a un taux d’admissions à l’hôpital plus stable que d’autres parties de l’Europe ?

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les admissions à l’hôpital peuvent varier d’un pays à l’autre, il est donc difficile de savoir dans quelle mesure l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca serait un facteur déterminant. Mais c’est au moins plausible.

Les vaccins à adénovirus sont très efficaces pour stimuler les réponses immunitaires, en particulier les réponses des lymphocytes T. Les connaissances actuelles nous indiquent que les vaccins à ARNm offrent une réponse anticorps plus forte que les vaccins à vecteur viral tels que ceux d’AstraZeneca. Cependant, cette protection par anticorps semble diminuer relativement rapidement au cours des 4 à 6 mois.

Il est possible que la mémoire immunitaire avec les vaccins à ARNm ne soit pas aussi forte et que le vaccin d’AstraZeneca produise une réponse plus durable des lymphocytes T qui soutienne une mémoire immunitaire plus durable. Cela pourrait retarder la perte d’anticorps et générer une meilleure réponse des cellules T tueuses.

ARN contre ADN

Pourquoi AstraZeneca pourrait-il donner une réponse plus durable ? L’une des raisons pourrait être que l’ARN contenu dans les vaccins de Pfizer et Moderna ne reste pas très longtemps dans l’organisme, seulement une semaine environ, car l’ARN est très fragile. Alors que l’ADN délivré par les vaccins à adénovirus est susceptible de rester dans l’organisme un peu plus longtemps.

L’ADN est plus stable que l’ARN, et peut fournir une activation plus soutenue et de faible niveau de notre système immunitaire, ce qui offre une protection plus durable. Cela pourrait expliquer les réponses plus longues des cellules T avec le vaccin d’AstraZeneca.

Mais il ne s’agit pour l’instant que de spéculations, car aucun test direct de ce type n’a été effectué. Mais si cela s’avère vrai, nous pouvons en tirer des enseignements afin d’intégrer les meilleures caractéristiques des deux types de vaccins dans la prochaine génération d’injections qui nous aideront à mieux lutter contre le Covid et les futures pandémies.

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