Un réchauffement climatique de 2°C pourrait avoir des effets irréversibles sur le monde et les hommes vont énormément en souffrir. C’est en peu de mots ce que le rapport de 4.000 pages du GIEC annonce. Bien que les scientifiques ont encore l’espoir que le pire soit évité, les conséquences sont loin d’être rassurantes.
Ce mercredi matin, le rapport préliminaire du GIEC a fuité sur les réseaux sociaux. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat réunit des experts climatiques ou environnementaux qui produisent tous les 5 à 7 ans un rapport sur le changement climatique et ses conséquences. Le dernier rapport, datant de 2014, avait poussé les dirigeants du monde entier à s’accorder sur des réductions drastiques des émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique à 2°C – et si possible 1,5°C.
Le rapport qui a fuité ce matin doit encore être relu et validé par les 193 pays membres de l’ONU avant d’être officiellement publié. Toutefois, les premières données laissent entrevoir un rapport bien plus alarmant qu’en 2014. En voici les principales conclusions:
Réchauffement climatique
- Si le réchauffement climatique dépasse 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (19e siècle), il faut s’attendre à des conséquences graves et parfois irréversibles.
- Actuellement, le réchauffement est estimé à 1,1°C.
- Les scientifiques estiment qu’il y a 40% de chances qu’on dépasse la limite des 1,5°C dès 2025. C’est-à-dire dans 4 ans seulement.
- Le climat a déjà changé et va continuer à changer à mesure que la Terre se réchauffe. Certains organismes ne s’y adapteront pas et disparaitront.
La conclusion du résumé du rapport du GIEC est : « La vie sur terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. »
La Terre a déjà connu d’importants changements climatiques depuis le big bang. Elle survivra à un nouveau. Mais les humains et les espèces sur lesquels l’humain compte pour survivre ne pourront pas s’adapter. Limiter le réchauffement climatique, ce n’est pas un combat pour sauver la Terre, mais pour sauver vos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants… l’humanité.
Impact sur l’humanité
Le GIEC a donc fait une estimation de l’impact d’un réchauffement de 2°C – l’objectif climatique des pays signataires des accords de Paris – sur les humains.
- 80 millions de personnes supplémentaires auront faim d’ici 2050.
- 130 millions de personnes supplémentaires vivront dans la pauvreté d’ici 10 ans
- 400 millions de personnes supplémentaires souffriront d’une pénurie d’eau
- 420 millions de personnes supplémentaires souffriront de chaleurs extrêmes et 65 millions supplémentaires devront subir des canicules exceptionnelles tous les 5 ans au moins.
Comme cela a souvent été remarqué dans les rapports climatiques, ce sont souvent les régions qui sont les moins responsables du réchauffement qui en paieront le prix. Ainsi, « les coûts d’adaptation pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an au-delà de 2 °C », affirme le rapport.
L’Amérique du Sud, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique seront également confrontées à une multiplication des catastrophes climatiques.
- Certaines régions pourraient être frappées par 3 ou 4 catastrophes climatiques simultanées : inondation, sécheresse, cyclone, incendie, canicule, épidémie de zoonoses (maladies transmises par les animaux), etc.
- Les catastrophes seraient également de plus en plus violentes. Leur impact économique augmentera et pourra avoir des conséquences pendant les 10 années suivantes.
- Aujourd’hui déjà, il est difficile de détacher les événements météorologiques extrêmes de la crise climatique.
Autre conséquence bien connue du réchauffement climatique: la fonte des glaces.
- La fonte de la calotte glaciaire devrait faire augmenter le niveau de l’eau de 13 mètres.
- Les villes côtières connaitraient au moins une inondation par an, et ce même si les objectifs de l’accord de Paris sont atteints.
- Un exemple : toute la ville de Rotterdam serait considérée comme une zone inondable d’ici 2050.
- L’environnement des animaux, des plantes et des humains vivants dans ces régions glacées serait totalement détruit, les obligeant à fuir ou à mourir.
- Le permafrost disparaitrait laissant ainsi s’échapper des quantités incommensurables de méthanes, un gaz à effet de serre puissant, ce qui aggraverait encore plus le réchauffement climatique.
Un avenir est possible
Les chercheurs auraient toutefois des solutions pour éviter le point de non-retour, celui où les pôles ont disparu et où l’Amazonie est devenue une savane. Ils ne savent pas exactement estimer quand arrivera ce point, mais il faut absolument l’éviter.
Ils présenteront leurs propositions pour limiter le réchauffement l’année prochaine. Un peu trop tard pour la COP 26, qui doit se dérouler en novembre 2021 à Glasgow. Toutefois, il faut espérer que les pays présents à cette réunion sauront déjà prendre des mesures concrètes et plus fortes à la lumière de ces premières données alarmantes.
Pour aller plus loin: