Le projet secret de l’Inde: une base militaire sur l’Île Maurice

Les Îles Agaléga sont un petit groupe d’îles mauriciennes, qui compte 359 habitants. Ils vivent du commerce de noix de coco et de la pêche. Aujourd’hui, les îles sont en train d’être développées comme bases militaires indiennes. Le pays veut renforcer sa mainmise sur l’Océan Indien, la plus importante masse d’eau de la Terre. Voilà ce qui ressort d’une longue enquête des journalistes d’Al Jazeera.

A 1.100 kilomètres et deux jours de bateaux de l’île principale, l’Île Maurice, la vie est paisible pour les 359 habitants des deux Îles Agaléga. Un bateau, le Mauritius Trochetia, vient les ravitailler quatre fois par an. Le bateau s’arrête au large, et des petits bateaux se chargent du relais. La piste d’atterrissage de 800 mètres est utilisée presqu’exclusivement pour des évacuations médicales, avec l’avion Dornier de l’autorité.

Attention soudaine

En 2019, la vie des habitants Créoles a changé de manière spectaculaire. Des grands bateaux cargo sont arrivés, au large de l’île nord, et sont restés plusieurs mois. Sur terre apparurent des cabanes semi-permanentes, ainsi que toute une série de nouvelles structures. Des travailleurs d’origine indienne ont rapidement suivi. Ils ont construit de nouveau pontons et une nouvelle piste d’atterrissage. Celle-ci mesure plus de trois kilomètres en longueur, comme les pistes de Zaventem ; une longueur confortable pour les plus grands avions cargo du monde.

Coûts de l’opération: 250 millions de dollars. Le ministère indien des Affaires étrangères a payé cette somme à l’entrepreneur AFCONS. Une construction étrangère, et une large somme, pour des investissements dans 359 habitants. La vraie raison derrière l’opération n’est pas connue, mais le fait que ce soit lié à des interventions militaires semble être évident.

Ce « village » est entièrement composé de nouvelles habitations pour les travailleurs et de matériel de construction.
Au milieu à gauche: le ponton existant. En bas à gauche: constructions pour un nouveau ponton, en forme de L. (Photo: satellites.pro)

La raison d’être de la base militaire (autant l’Inde que l’Île Maurice reconnaissent qu’il s’agit d’investissements militaires) saute aux yeux: 60% du transport de pétrole mondial passe par l’Océan Indien. Le détroit de Malacca et le Canal de Suez connectent ensuite l’Océan Indien à l’Océan Pacifique et à la Méditerranée.

Concurrence

Avec ses investissement dans les pays se trouvant dans l’Océan Indien, l’Inde veut renforcer son influence dans la région. « En termes de géopolitique, la région n’est pas souvent au coeur de l’actualité », explique Aaditya Dave, analyste d’enquêtes pour le Royal United Services Insitute à Londres. « Un passage libre dans ces régions est important pour l’approvisionnement en énergie pour de nombreux pays, et donc aussi pour leurs perspectives économiques. A côté de l’Inde, la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont aussi des acteurs importants dans la région. La France via la Réunion, et les Etats-Unis et le Royaume-Uni gèrent ensemble une base militaire sur Diego Garcia. »

L’arrivée du Japon, de l’Australie et de la Chine dans la zone ont pu convaincre l’Inde à également investir dans la région. La Chine a, selon sa propre stratégie géopolitique, déjà investi dans des infrastructures aux Maldives, sur l’île de Sri Lanka et en Tanzanie. En 2017, elle a ouvert sa première base militaire outre-mer au Djibouti.

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