C’est la ruée sur le lithium : essentiel à l’assemblage des batteries des voitures électriques, ce minerai est en train de devenir la nouvelle ressource stratégique des décennies à venir, et son prix a grimpé de 496% en 2021 pour atteindre les 38.600€ la tonne. C’est la ruée vers « l’or blanc » partout dans le monde, mais son exploitation, très polluante, pose question. En particulier en Europe.
Le lithium n’est pas un minerai si rare en Europe, mais son exploitation pose de nombreuses questions environnementales, voire de respect du patrimoine. Ainsi, en Espagne pourrait un jour s’ouvrir la plus grande mine du continent, mais le gisement se trouve juste à côté de la ville médiévale de Cáceres, où d’ailleurs ont été tournés certains épisodes de Game of Thrones, et l’opposition locale est forte, les autorités de la ville préférant miser sur le tourisme et craignant le bruit et les rejets de poussière de la potentielle mine.
Des zones ouvertes à la prospection
Au Portugal voisin par contre, les choses avancent : une enquête environnementale dirigée par la Direction générale de l’énergie et de la géologie du pays a étudié huit zones considérées comme prometteuses pour la recherche de lithium. Deux d’entre elles ont été rejetées, mais les experts environnementaux ont donné leur feu vert pour les six autres, toutes situées dans le nord du pays. Les zones ouvertes à la prospection ont toutefois été réduites de moitié dans chacune des régions concernées : « Les zones à forte densité urbaine, fonctionnelle et démographique ont été exclues, avec une réduction de 49% de la superficie totale » initialement analysée dans l’étude, peut-on lire dans le rapport repris par Euractiv.
Le ministère portugais de l’Environnement et de l’Action climatique a indiqué que l’appel d’offres public pour l’attribution des droits de prospection et d’exploitation du lithium « pourrait avancer dans les 60 prochains jours ». Après la procédure d’appel d’offres et la prospection – qui doit avoir lieu dans un délai de cinq ans – l’extraction du lithium pourra commencer, chacun des projets étant soumis à une évaluation distincte de son impact sur l’environnement. Le premier coup de pelle n’est donc pas pour tout de suite, mais le pays entend bien profiter de cette manne qui se cache dans son sous-sol.
L’autosuffisance européenne, un rêve ?
Les projets de ce genre sont appelés à se multiplier dans l’Union européenne, malgré les oppositions locales. Car dans la course à la transition énergétique qui s’accélère, l’UE risque bien de voir sa dépendance au gaz et au pétrole extra-européen -russe par exemple- être remplacée progressivement par une dépendance au lithium venu de Chine, d’Australie, voire d’Amérique latine. Selon un rapport français, d’ici 2030, l’Europe ne produira pas plus de 30% de ses besoins en minerais stratégiques nécessaires pour produire les batteries destinées à l’électrification massive du trafic routier ; des métaux rares tels que le lithium, le cobalt et le nickel, et c’est là une estimation optimiste.
L’étude, qui a été présentée au gouvernement français par Philippe Varin, l’ancien PDG du groupe PSA Peugeot Citroën, conclut que les pays de l’Union doivent procéder à des investissements massifs dans la modernisation de leurs infrastructures et dans l’exploitation des ressources disponibles s’ils ne veulent pas se retrouver dépendants de l’avance chinoise dans ce secteur.