Le groupe liégeois John Cockerill va-t-il devenir le champion du monde des électrolyseurs pour l’hydrogène vert ?

Le groupe industriel liégeois John Cockerill confirme au journal économique L’Echo qu’il envisage de construire en Belgique, d’ici 2025, une nouvelle usine d’électrolyseurs, générateurs d’hydrogène (vert). Au total, huit gigafactories sont sur la table, réparties dans le monde entier.

Pourquoi est-ce important ?

L'hydrogène (H2) est un vecteur énergétique potentiel sans CO2 pour de nombreuses activités industrielles et peut également alimenter les voitures, les camions et bientôt peut-être même les avions. La percée européenne dépend de deux choses : l'hydrogène peut-il être produit et stocké à grande échelle et de manière durable, et y aura-t-il un réseau de pipelines régionaux ?

L’électrolyse est le processus de décomposition chimique par lequel l’hydrogène est extrait de l’eau à l’aide de l’électricité. Ce n’est que lorsque cette électricité provient d’une source durable, comme via les éoliennes, que l’on parle d’hydrogène vert.

La construction d’usines d’hydrogène vert est un projetde grande envergure, car cela implique non seulement les unités d’électrolyse – les « séparateurs », comme on les appelle – mais aussi la source d’énergie renouvelable à proximité (par exemple, un parc éolien) et le réseau de transport de l’hydrogène produit.

« L’hydrogène est un produit stratégique », estime la Commission européenne et nombre de gouvernements européens sont prêts à subsidier ces installations à hydrogène vert. John Cockerill se prépare dès lors à une explosion du marché. L’entreprise s’est spécialisée dans les électrolyseurs les plus puissants, de 5 à 6 mégawatts.

Un saut quantique

La production actuelle de John Cockerill, sur un site en Chine (Cockerill Jingli Hydrogen Suzhou), affiche une capacité de 350 mégawatts. Cela fait de l’entreprise liégeoise le leader mondial d’un marché encore balbutiant, mais son concurrent norvégien Nel ne reste pas inactif et vise les 10 gigawatts (10.000 mégawatts) dans les prochaines années. John Cockerill vise également un saut quantique, désirant passer à 8 gigawatts.

  • Europe : 2 gigawatt

Il y a un an, John Cockerill annonçait la construction d’une gigafactory sur son site d’Anspach-Michelbach, en Alsace. Si tout se passe comme prévu, le site devrait produire son premier électrolyseur au début de l’année prochaine. La première phase vise une capacité annuelle de 200 mégawatts, pour atteindre 1.000 mégawatts (1 gigawatt) en 2030.

Une deuxième gigafactory européenne équivalente sera ajoutée, et Raphaël Tilot, responsable des énergies renouvelables de l’entreprise, confirme à L’Echo qu’elle prendra place en Belgique. Selon le journal économique, les premières discussions sont déjà en cours avec la SRIW, le véhicule d’investissement du gouvernement wallon. Compte tenu de ses liens historiques avec la Wallonie, un établissement dans cette région semble être le choix le plus évident. Le projet impliquerait un investissement de 100 millions d’euros.

  • Chine : 2 gigawatts

Le site actuel de Suzhou, en Chine (350 mégawatts) verra sa capaciter tripler, passant à 1 gigawatt. Une gigafactory supplémentaire sera construite, ce qui portera la capacité chinoise totale à 2 gigawatts.

  • Inde : 2 gigawatts

En Inde, John Cockerill, avec son partenaire local Greenko, espère que deux gigafactories seront opérationnelles dans les 12 à 18 prochains mois. Cela impliquera un investissement total de 500 millions de dollars, rapporte l’Economic Times.

  • Moyen-Orient et un lieu encore inconnu : 1 gigawatt chacun

Au Moyen-Orient et dans une région dont qui n’a pas encore été révélée, John Cockerill espère construire deux usines d’électrolyse d’une capacité de 1 gigawatt chacune, ce qui portera au final la capacité mondiale totale à 8 gigawatts.

De l’acier à l’hydrogène

Le nom de John Cockerill peut sans doute encore vous rappeler l’acier. Au XIXe siècle, le Belgo-britannique avait été le fondateur de l’industrie sidérurgique belge.

Mais deux siècles plus tard, l’entreprise du même nom (947 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021) s’est notamment transformée en un acteur mondial de la technologie de l’hydrogène. Ses équipes d’hydrogène comptent plus de 260 employés dans le monde entier et ce nombre ne fera qu’augmenter dans les années à venir, affirme l’entreprise.

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