Selon Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, l’ascension des prix du pétrole pourrait mener à une nouvelle augmentation des taux d’intérêt par la Banque Centrale Européenne (BCE). Cette évolution constitue un obstacle à l’atteinte de l’objectif d’inflation fixé pour 2025.
Le gouverneur de la Banque nationale : « La hausse des prix du pétrole pourrait forcer la BCE à augmenter davantage les taux d’intérêt »
Pourquoi est-ce important ?
La Banque Centrale Européenne (BCE) a commencé à augmenter les taux d'intérêt à l'été 2022. Depuis lors, l'inflation a régulièrement diminué, mais elle reste toujours supérieure à l'objectif de l'institution monétaire, soit une inflation de 2%. La hausse des prix du pétrole pourrait prolonger l'inflation à un niveau supérieur à celui souhaité pendant plus longtemps que prévu.Dans l’actu : Dans une interview accordée au site d’information américain CNBC, lors de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale, Wunsch avertit que la hausse des prix du pétrole pourrait contraindre la BCE à augmenter davantage les taux d’intérêt.
- La présidente de la BCE, Christine Lagarde, et son conseil d’administration ont augmenté les taux d’intérêt de 25 points de base pour les porter à 4 % le mois dernier, un niveau record.
- Les marchés espèrent que les taux ont atteint un pic, mais ce n’est en aucun cas une certitude. « La hausse des prix du pétrole est l’un des facteurs qui pourraient nous empêcher d’atteindre notre objectif à temps, nous obligeant à prendre d’autres mesures », déclare Wunsch.
- Depuis le début des vacances d’été, le prix du baril de Brent à Londres est passé d’environ 75 dollars à un peu plus de 85 dollars aujourd’hui. Au début de ce mois, ce prix flirtait même avec les 95 dollars.
- Le prix du baril de pétrole WTI (Texas) a augmenté pendant cette même période, passant d’environ 70 dollars à 85 dollars. Au début octobre, ce prix avait atteint 90 dollars.
- Les prix du pétrole risquent d’augmenter à nouveau suite à l’éclatement d’une guerre entre Israël et le Hamas. L’Agence Internationale de l’Énergie a déclaré jeudi que le conflit était « plein d’incertitudes » et qu’elle était « prête à intervenir si nécessaire pour assurer un approvisionnement suffisant des marchés. »
- Wunsch ajoute toutefois que l’inflation évolue dans la bonne direction et « qu’une nouvelle hausse ne serait pas nécessaire si l’inflation évolue conformément aux prévisions actuelles. »
- La BCE prévoit que l’inflation atteindra 5,6 % cette année, puis baissera à 3,2 % l’année prochaine et à 2,1 % en 2025.
« Réduire plus rapidement le bilan »
Les détails : La BCE dispose d’autres outils pour modérer l’inflation. L’institution monétaire a massivement acheté des titres de dette au cours de la dernière décennie pour faire baisser les taux d’intérêt à long terme. Elle a lancé le programme d’achat d’actifs (APP) au début de sa politique monétaire restrictive. Ce programme a été complété par le programme d’achat d’urgence (PEPP) pendant la crise du Covid.
- Les titres arrivant à échéance que la BCE a acquis par le biais du programme APP ne sont plus réinvestis, réduisant ainsi progressivement son bilan.
- L’institution monétaire continue toutefois de réinvestir les titres acquis par le biais du programme PEPP, et ce, jusqu’à fin 2024 au plus tôt. Le portefeuille PEPP vaut près de 1.700 milliards d’euros.
- Selon Wunsch, il serait judicieux pour la BCE d’envisager une réduction accélérée de ce portefeuille PEPP. « Nous devrions envisager de ne plus réinvestir ces obligations arrivant à échéance », a-t-il déclaré lors d’un autre entretien avec l’agence de presse Bloomberg.
- Une telle mesure entraînerait (en principe) une nouvelle augmentation des taux d’intérêt à long terme. Si la BCE cesse d’acheter des titres de dette, le prix des obligations baisse, entraînant une augmentation des coupons.
BL