Selon l’avocate de Julian Assange, le président américain lui aurait offert la possibilité de le gracier… s’il affirmait que la Russie n’était pas impliquée dans l’affaire des e-mails piratés du Parti démocrate.
Les compétences de négociation de Donald Trump nous surprendront toujours. Après l’accord commercial signé avec la Chine et une certaine marche-arrière qui l’arrangerait bien, le président américain met désormais son talent à profit de l’affaire Assange.
L’examen de la demande d’extradition du fondateur de WikiLeaks doit commencer lundi prochain, mais une révélation lors d’une audience préliminaire vient déjà tout bouleverser. L’avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, affirmait ce mercredi devant la justice britannique que Donald Trump avait offert de le gracier… S’il affirmait que la Russie n’était pas impliquée dans la fuite d’e-mails internes au Parti démocrate américain. Il ne perd pas le Nord.
Un bref rappel des faits s’impose. Le 11 avril dernier, le fondateur de WikiLeaks était extrait par la police britannique de l’ambassade de l’Équateur, à Londres, où il bénéficiait de l’asile politique depuis sept ans. Placé en détention puis condamné à 50 semaines de prison, Julian Assange est accusé d’espionnage par les États-Unis, qui exigent son extradition. En cause: l’obtention et la diffusion d’informations classées par WikiLeaks, qui avait publié en 2010 des centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques.
Risque de peine de mort
L’audience pour la demande d’extradition américaine doit donc commencer lundi prochain. Un sujet très sensible puisque Julian Assange risque la peine de mort aux États-Unis, où l’espionnage est un crime passible de la peine capitale. Rappelons que le ministre d’État britannique pour l’Europe et les Amériques Alan Duncan assurait en juillet dernier qu’il ne serait pas extradé vers un pays où il pourrait risquer la peine de mort…
Devant une telle menace, Donald Trump s’est sans doute dit qu’un accord très juteux pouvait être conclu. L’avocate d’Assange a révélé lors de l’audience de ce mercredi un document affirmant que cette proposition a été formulée par l’intermédiaire du député républicain américain Dana Rohrabacher.
‘Dana Rohrabacher est allé voir M. Assange et lui a dit, sur instruction du président, qu’il lui proposait une grâce ou une autre issue, si M. Assange disait que la Russie n’a rien à voir avec les fuites du Parti démocrate’, affirme l’agence britannique Press association. Le document cité a été considéré comme une preuve admissible par la juge.
‘Une pure invention’
Autant dire que la Maison Blanche s’est empressée de démentir. ‘Le président ne connaît quasiment rien de Dana Rohrabacher mis à part que c’est un ancien élu. Il ne lui a jamais parlé de ce sujet ou de pratiquement aucun autre sujet. Il s’agit d’une pure invention’, a affirmé la porte-parole Stephanie Grisham dans un communiqué.
WikiLeaks avait publié en 2016 des milliers d’e-mails piratés du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont largement contribué à discréditer la candidate démocrate. Selon les renseignements américains, ces e-mails avaient été piratés par des hackeurs russes dans le cadre d’une campagne de Moscou pour influencer la présidentielle américaine.
Ces informations interviennent une semaine à peine après des accusations d’ingérence du président dans le procès de son ancien conseiller Roger Stone… Reconnu coupable de sept chefs d’accusation dans le cadre de l’ingérence russe dans les élections. À croire que son acquittement dans son procès en destitution lui fait tourner la tête…
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