Le cannabis serait encore plus intéressant pour la médecine qu’on ne l’imaginait. Car outre le THC et le CBD, cette plante recèle plus de 400 substances actives. Et des études avancent que ce n’est pas ce dernier le vrai produit miracle, mais bien la plante dans son entièreté : elle serait capable de réduire les symptômes épileptiques chez l’enfant dans 8 cas sur 10.
Depuis que le cannabis n’est plus considéré exclusivement comme une drogue prohibée dans la majeure partie des pays occidentaux, la recherche médicale a pu se pencher sans tabou ni restriction sur ses effets sur la santé. En bien comme en mal d’ailleurs : dépassionner le débat en dépénalisant le cannabis a aussi permis d’esquisser son lien possible, à fortes doses, avec une mystérieuse pathologie gastrique très douloureuse qui frappe les États-Unis.
Un remède miracle contre les convulsions ?
Mais c’est surtout dans le domaine de ses applications médicales que le chanvre indien nous réserve sans doute encore quelques surprises : on soupçonnait déjà ses effets anti-convulsions, et plusieurs études, menées en Australie et en Grande-Bretagne, pointent que le cannabis pourrait réduire la fréquence des crises d’épilepsie chez les enfants. Une petite étude d’observation menée au Royaume-Uni vient confirmer ces résultats. Lorsque 10 enfants atteints de formes d’épilepsie réfractaires ont commencé à utiliser un médicament contenant la plante entière de cannabis, y compris les cannabidiols, les terpènes et les flavonoïdes, la fréquence de leurs crises a diminué de 86 % en moyenne. Et ce, sans amener d’effets secondaires.
La nuance de taille, c’est que cette étude – qui pointe certes sur un très petit échantillon, sans groupe témoin ni usage de placebo – a étudié l’effet du cannabis dans son ensemble, avec tout son cocktail de substances actives : cannabidiols, terpènes et flavonoïdes, et pas seulement le CBD, son composant le plus mis en avant.
Le cannabis dans son ensemble, et pas juste le CBD
Aujourd’hui, un extrait oral de CBD, connu sous le nom d’Epidyolex, est la seule forme de cannabis approuvée par l’Agence fédérale des médicaments des États-Unis (FDA) pour traiter les crises d’épilepsie les plus graves. Mais l’Epidyolex ne semble pas fonctionner pour plus de la moitié des enfants atteints du syndrome de Dravet, qui est une forme d’épilepsie rare et résistante aux médicaments. Et lorsqu’il est efficace, les études montrent une diminution d’environ 32 % de la fréquence des crises seulement.
Il s’agit d’un taux de soulagement beaucoup plus faible que celui constaté chez les enfants ayant reçu un médicament provenant de la plante entière de cannabis. Même si ces premiers résultats devront être confirmés par des échantillons beaucoup plus importants et dans des contextes plus contrôlés, ils sont extrêmement prometteurs : les 10 participants à la série de cas britanniques n’avaient auparavant pas vu d’amélioration de leur état grâce aux produits à base de CBD.
Toute une pharmacopée dans une seule plante
Du cannabis, le grand public connait surtout deux produits actifs : le THC, qui fait planer, et le CBD, que l’on pare de beaucoup de vertus plus ou moins médicales et plus ou moins confirmées depuis quelques années. Mais ce ne sont là que deux feuilles derrière lesquelles se cache la forêt de chanvre : cette plante recèle toute une pharmacie de substances potentiellement intéressantes pour les médecins, mais qui ont été éclipsées, par son image de stupéfiant d’abord, et par l’engouement pour le seul CBD ensuite. Pourtant cette plante compte près de 400 molécules actives.
Parmi celles-ci, les flavonoïdes, sont supposées conférer certaines propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses lorsqu’elles sont présentes dans d’autres plantes médicinales. Ces molécules seraient 30 fois plus efficaces pour réduire la douleur et l’inflammation que ne l’est l’aspirine. Quant aux terpènes, c’est toute une catégorie de composés du cannabis qui lui donneraient son odeur musquée aisément reconnaissable. Leur structure est remarquablement similaire à celle de l’ail, et dans cette plante particulière, les composés sont fortement suspectés d’améliorer la santé cardiovasculaire et d’avoir des propriétés anti-cancérigènes.
Bien sûr, comme toute plante, l’usage du cannabis pour produire des médicaments nécessite des recherches précises sur ses effets, y compris potentiellement secondaires, et de vérifier et revérifier encore qu’il n’entraine aucun désagrément. Mais le chanvre indien, regardé pendant des décennies comme la drogue qui rend mou, a tout l’air de receler sous ses fibres une véritable terra incognita médicale qui semble vraiment prometteuse.