Le billet de 500 euros: comment le ‘Ben Laden des billets’ est devenu le ‘sauveur de la zone euro’

Vous vous souvenez des billets mauves de 500 euros ? Ils sont épuisés depuis plus de deux ans. Cette décision début 2019 marque la fin du plus précieux des billets de la famille des euros, mais également l’un des plus chers au monde. Aimé par les cercles criminels, il pourrait bien avoir été une bouée de sauvetage pendant la crise de 2009.

Le billet de 500 euros n’a plus été imprimé depuis longtemps. Depuis le 27 janvier 2019 pour être précis. Seules l’Allemagne et l’Autriche ont continué de le produire pendant un certain temps, soit jusqu’au 26 avril de la même année. Les mêmes raisons que pour le reste de la zone euro étaient mises en avant. En outre, cet arrêt permettait une transition normale.

En mai 2016, la BCE avait déjà annoncé qu’aucun nouveau billet de 500 euros ne serait mis en circulation jusqu’à la fin de 2018. En cause : ‘Des préoccupations concernant l’utilisation de ces billets dans des activités illégales’.

Le billet bien-aimé des criminels

Le plus gros billet de banque a été appelé le ‘Ben Laden des billets’. Il était en effet souvent associé au blanchiment d’argent, au marché noir et même au financement du terrorisme. Selon une étude de l’Université Harvard, ces billets de banque étaient en effet très appréciés des criminels. En tant que monnaie souterraine, elle pouvait s’échanger pour plus que sa valeur nominale. Elle était donc plus souvent utilisée pour des transactions illégales que pour des paiements normaux.

Rob Wainwright a également vu cette tendance en 2016, lorsqu’il a dirigé la branche européenne d’Europol. À l’époque, les décideurs européens avaient également observé que la plupart des billets se trouvaient en Russie et non dans la zone euro.

©Isopix

Le premier billet de 500 euros a été imprimé en 2002 et au cours des 7 premières années, ces billets ont connu un énorme succès. Fin 2008, plus de 530 millions de billets étaient déjà en circulation. Toutefois, lors de l’introduction de l’euro, 13,7% du nombre total de billets en circulation était des billets de 500 euros. Mais en 2019, ils ne représentaient déjà plus que 2,4% de tous les billets en circulation, soit 20% de la valeur totale de ces billets. À fin novembre 2018, 521 millions de billets de 500 euros étaient en circulation.

Comment est né le billet de 500 euros ?

Avant l’introduction de l’euro, six pays disposaient de gros billets (d’une valeur de plus de 200 euros). La Belgique en faisait notamment partie avec son billet de 10.000 francs, ce qui correspondait à environ 250 euros. Les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie possédaient aussi leur très grosse coupure. Les Allemands avaient même un billet de 1.000 marks, qui vaudrait aujourd’hui 511 euros.

Le Finlandais Antti Heinonen écrit dans son livre Les premiers euros comment le super billet de 500 euros est rapidement apparu. Heinonen a présidé un sous-comité de l’Institut monétaire européen (IME) — le prédécesseur de la BCE — entre 1996 et 1998. Leur tâche était de créer les nouveaux billets en euros.

Heinonen raconte donc comment les représentants de ces 6 pays se sont fâchés lorsqu’il a été suggéré que ces billets servaient principalement à l’économie souterraine. Selon eux, de nombreux citoyens ont fait confiance aux espèces avant les banques. C’était une raison suffisante pour sortir un tel billet.

‘Sauveur de la zone euro ?’

Heinonen n’est devenu un partisan des billets de 500 euros qu’en 2008, lorsque la crise de la dette a fait rage. ‘Ce billet contesté a alors servi de stabilisateur’, a déclaré le Finlandais.

Après la faillite de la banque Lehman Brothers aux États-Unis, de nombreux citoyens ont perdu confiance dans le système bancaire. On a alors vu se former de longues files d’attente devant les banques et les guichets automatiques dans de nombreux pays européens. La demande de billets en euro a augmenté dans les pays membres, mais aussi à l’étranger. ‘Sans le billet de 500 euros, cela aurait été impossible’, a affirmé Heinonen.

Les banques centrales, dans les années qui ont suivi, ont donc décidé d’augmenter leur stock de billets de 500 euros, au cas où un scénario similaire se reproduirait.

Les billets les plus précieux au monde

Les billets de 500 euros ont alors progressivement disparu de la circulation et la fin du billet le plus précieux au monde a finalement été actée. Il existe toutefois aujourd’hui quelques billets qui valent plus. Un billet de 10.000 dollars de Singapour vaut environ 6.200 euros, mais il disparait également de la circulation. Le Brunei a également un billet de 10.000 dollars locaux.

Plus près, la Suisse possède un billet de 1.000 francs. Cela vaut plus de 920 euros. Si l’Europe met son super billet hors service pour lutter contre la criminalité, la Suisse ne croit pas que son billet le plus fort aura une influence sur ce monde-là. Ce billet reste donc aujourd’hui toujours en vigueur.

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