L’avion qui a fait exploser le ballon espion chinois a effectué son tout premier « kill » et établi un nouveau record

Le F-22 Raptor fait partie de la flotte de l’US Air Force depuis près de 20 ans. Mais l’avion n’a réussi sa première « mise à mort » que maintenant : il a abattu le ballon espion chinois le ciel de l’Atlantique.

Pourquoi est-ce important ?

Vendredi, on a appris qu'un ballon espion chinois de la taille de trois bus planait au-dessus des États-Unis. Le ballon aurait été utilisé à des fins d'espionnage et aurait notamment survolé la base militaire de Malmstrom, dans l'État du Montana, où les États-Unis abritent des missiles balistiques intercontinentaux. Le ballon a été abattu par des pilotes de chasse américains samedi.

Dans l’actu : Le F-22 Raptor est considéré comme le meilleur avion de combat actuel. Pourtant, ses statistiques semblent plutôt faibles.

  • Le Raptor est en service dans l’armée de l’air américaine depuis 2005, mais n’a obtenu ses premiers galons qu’en 2007 : deux bombardiers russes Tu-95 survolant l’Alaska ont été pris en chasse par les jets. Depuis lors, les avions doivent régulièrement intercepter des bombardiers russes et les escorter jusqu’à la sortie.
  • Un scénario similaire s’est déroulé près de l’Iran en 2013. Un drone américain MQ-1 Predator, volant dans l’espace aérien international, a été « harcelé » par deux chasseurs F-4 Phantom de l’armée de l’air iranienne. Ce que les pilotes iraniens ne savaient pas, c’est que l’Américain Kevin « Showtime » Sutterfield a manœuvré son F-22 juste en dessous d’eux. Showtime a même eu le temps de scruter l’armement des Phantoms sans que les Iraniens ne se doutent de rien. Quand il s’est avéré que l’armement ne semblait que maigre, le pilote américain a positionné son Raptor entre les Phantoms, et a donné aux Iraniens le bon conseil de déguerpir : même dans un combat à 2 contre 1, le Raptor sortirait vainqueur.

Action réelle : le F-22 n’a été déployé que dans trois « missions de tir » au cours des 17 dernières années.

  • Le 22 septembre 2014, les F-22 ont été équipés de bombes pour la première fois, à larguer dans des zones de guerre. Ce jour-là, les États-Unis ont lancé leur intervention contre l’État islamique en Syrie, appelée opération Inherent Resolve. Entre septembre 2014 et juillet 2015, les Raptors ont effectué 204 sorties, larguant 270 bombes. Les avions étaient également utilisés pour chasser les jets ennemis, soutenir les forces terrestres avec des bombes, des missiles, de l’artillerie embarquée, ainsi que des missions de surveillance et de reconnaissance.
  • En 2017, les F-22 ont connu une deuxième mission, lorsqu’ils ont été déployés pour bombarder des champs d’opium en territoire taliban en Afghanistan. L’objectif était de couper l’approvisionnement en argent des Talibans : l’organisation terroriste tire beaucoup d’argent de la vente d’opium, le principal produit d’exportation de l’Afghanistan.

Premier « kill »

Le ballon : Le week-end dernier, un F-22 a réalisé son premier « kill ».

  • Les déploiements en Syrie et en Afghanistan étaient principalement axés sur le bombardement et le renseignement. Le week-end dernier, deux pilotes de F-22 ont reçu l’ordre d’abattre un appareil ennemi. Les pilotes se voyaient attribuer l’indicatif d’appel FRANK, en référence à Frank Luke Jr. Ce pilote, surnommé « The Arizona Balloon Buster« , a réussi à dégonfler 14 ballons de reconnaissance allemands pendant la Première Guerre mondiale.
  • Un des deux FRANK a tiré un missile AIM-9X Sidewinder. Le déploiement des mitrailleuses de bord a été délibérément évité : en 1998, lorsque deux CF-18 canadiens ont tenté d’abattre un ballon météorologique avec des mitrailleuses de bord, il leur a fallu 1 000 cartouches et plusieurs jours pour y parvenir. Le ballon n’a pas explosé, mais a libéré de l’hélium par les trous, ce qui l’a fait redescendre doucement.
  • Le « kill » du F-22 n’est pas seulement le premier pour cet avion : un record a immédiatement été établi. Le missile a été tiré sur le ballon depuis une altitude de 17 kilomètres et à une distance d’1 kilomètre : jamais auparavant une mise à mort n’avait été effectuée à une telle altitude. Même lors des missions d’essai, des vols aussi élevés ne sont pratiquement jamais effectués, et encore moins couplés à une mission de tir.

BL

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