‘La pandémie est un problème complexe et multidimensionnel. Mais le monde y voyait au départ un problème de santé’, a déclaré l’économiste et écrivaine zambienne, Dambisa Moyo. Elle a passé deux ans à la Banque mondiale, huit ans chez Goldman Sachs et est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université d’Oxford. Selon elle, l’approche de la crise a échoué sur 3 fronts au niveau international.
‘Si la pandémie avait été facile à gérer, nous ne serions pas tous bloqués chez nous 9 mois plus tard, car cela ne profite à personne’, affirme Moyo. Pour illustrer cette complexité, elle utilise une citation de l’ex-président Barack Obama. Il a dit un jour que ‘lorsqu’un problème atteint ma boîte de réception, la solution est souvent très complexe. Sinon, quelqu’un d’autre l’aurait déjà résolu’.
Selon Moyo, l’approche globale au début de la crise a échoué sur 3 fronts.
1. La pandémie est un problème complexe et multidimensionnel
Le monde a d’abord vu cette pandémie comme un problème restreint au milieu des soins de santé. Ce sont surtout les experts de la santé qui étaient invités à donner leurs conseils sur la gestion de la crise. Alors qu’il aurait été plus sage d’inviter une série de professionnels venant de tous les horizons : économistes, anthropologues, sociologues, etc.
2. La pandémie n’a pas été perçue comme un problème à long terme
Le président américain Trump a déclaré en avril que le virus ‘disparaîtrait un jour par miracle’. Mais c’est le monde entier au final qui n’était pas prêt à devoir gérer une crise qui allait se manifester en plusieurs vagues successives, durant des mois, voire des années.
Les leçons de la grippe espagnole (1918 – 1920) ont été ignorées parce que nous étions convaincus que la technologie et nos connaissances scientifiques nous sauveraient. Nous étions convaincus que des solutions rapides nous seraient proposées.
9 mois plus tard – alors qu’on a été capable de produire un vaccin – tester massivement la population reste toujours un défi pour de nombreux pays. Le tracing est dans beaucoup de pays totalement inopérant.
3. Chacun fait son truc dans son coin
Le Covid-19 est un problème mondial et pourtant chaque pays décide seul de ce qui est le mieux pour lui. Unilatéralisme vs multilatéralisme en d’autres termes. Le manque de coordination ne fait que confirmer que la démondialisation s’accélère. ‘Nous vivons dans un monde où les gens pensent que la balkanisation est la solution’, a déclaré Dambisa Moyo. En conséquence, Taiwan compte 7 décès dus au Covid-19, contre 36.000 dans l’État de New York, bien que les deux aient une population similaire. Adopter les meilleures pratiques de ceux qui font mieux est insuffisant.