L’Allemagne dépense des sommes records pour les réfugiés

L’Allemagne a consacré un montant record pour aider les migrants à s’intégrer dans le pays l’an dernier, mais aussi pour lutter contre les causes profondes des migrations. Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a vivement critiqué cet effort. Cependant, selon les experts, l’Allemagne a bien réagi à la crise des migrants.

L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros l’année dernière pour l’intégration des réfugiés et la lutte contre les causes des émigrations. Il s’agit donc d’une hausse de près de 11 % par rapport aux 20,8 milliards d’euros qui y avaient été consacrés l’année précédente. 

En outre, le gouvernement allemand a dépensé 7,9 milliards d’euros sur des mesures visant à maintenir les migrants hors de l’Union européenne et à améliorer les conditions de vie dans les pays d’origine des réfugiés. Là encore, ce poste est en hausse de 16 % par rapport à 2017.

Les seize Länder allemands, qui sont principalement en charge du logement et de l’intégration des migrants venant de pays tels que la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan, ont reçu 7,5 milliards d’euros cumulés du gouvernement fédéral l’année dernière. Cela représente également une augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente.

« Une fête d’accueil coûteuse aux dépends des Allemands »

Au plus fort de la crise des réfugiés, l’Allemagne a accueilli plus d’un million de migrants en 2015. Cette politique de la main tendue a suscité de vives critiques dans le pays, mais la chancelière Angela Merkel a systématiquement défendu ses choix, invoquant une nécessité humanitaire.

Simultanément, Merkel a promis qu’elle ferait tout son possible pour éviter la répétition d’un tel scénario de migration de masse. Le gouvernement allemand a donc pris des mesures pour s’attaquer aux causes du problème des réfugiés.

Cependant, Alice Weidel, qui dirige le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), condamne ces efforts. Elle y voit « une fête de bienvenue coûteuse organisée pour les réfugiés aux dépens des citoyens allemands ».

Pour la ministre allemande de la Migration et de l’Intégration, Annette Widmann-Mauz, ces propos sont « stupides » et de mauvais goût. Elle souligne que la lutte contre les causes de la migration, qui a absorbé une grande partie de ces sommes, est tout aussi importante pour l’Allemagne que de veiller à l’intégration réussie des réfugiés entrés dans le pays. Et de tacler l’AfD : « Ceux qui réduisent la protection humanitaire à une fête n’ont rien compris du tout ».

« Un succès remarquable »

Mais d’après les experts de l’institution allemande Stiftungen für Integration und Migration (SVR), le gouvernement allemand a bien géré la crise des réfugiés il y a quatre ans. Leur rapport montre qu’environ un tiers des réfugiés arrivés en Allemagne en 2015 ont déjà trouvé du travail, ce que les auteurs saluent comme « un succès remarquable ».

Ils soulignent également le bon équilibre des mesures prises, tant pour contrôler la migration, que pour intégrer les réfugiés accueillis en Allemagne. « La crise d’il y a quatre ans peut être comparée à un test de résistance. On peut en conclure que l’Allemagne a réussi ce test », déclare Hans Vorländer, politologue à la Technische Universität Dresden. Il ajoute que l’Allemagne semble également mieux préparée à une nouvelle crise.

En revanche, les experts estiment que le système d’asile européen a fait preuve  d’un manque de cohérence. Petra Bendel, politologue à l’Universität ou à Erlangen-Nuremberg, parle  même d’une « catastrophe », dans la mesure où les réfugiés ont été confrontés à des règles et des procédures discordantes dans les différents Etats membres du bloc. 

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