L’Allemagne a volontairement écarté un rapport sensible impliquant la Chine

Un haut responsable politique allemand a volontairement tu un rapport contenant des informations sensibles sur l’influence croissante de la Chine en Allemagne. La personne concernée craignait que ces informations ne nuisent aux relations commerciales qui lient l’Allemagne avec la Chine.

L’Allemagne est souvent accusée d’avoir un double agenda sur la Chine. Ce n’est pas vraiment surprenant. Depuis 2016, les États-Unis ne sont plus le principal partenaire commercial de l’Allemagne, mais de la Chine. L’année dernière, nos voisins orientaux ont exporté pour plus de 96 milliards d’euros de marchandises vers l’Empire du Milieu.

Dépendre de la Chine pour compenser les pertes dues à la pandémie

Dans son propre pays et même dans ses propres rangs, Mme Merkel est de plus en plus critiquée pour la façon dont elle traite avec la Chine. Mais elle réfute cette affirmation en déclarant que de bons liens avec la Chine sont d’une importance stratégique pour l’UE. C’est un raccourci, car ces liens sont plus importants sur le plan stratégique pour l’Allemagne. Le journal Frankfurter Allgemeine a récemment calculé que les constructeurs automobiles allemands sont devenus tellement dépendants du marché chinois que les ventes record du deuxième trimestre hier ont compensé les pertes causées par la pandémie. 

L’autocensure allemande à l’égard de la Chine

Le rapport de 2018 indique que les Chinois tentent d’influencer tous les niveaux du gouvernement, des entreprises et de la société allemande. Selon le site d’information américain Axios, outre Merkel, un petit nombre de décideurs politiques aurait mis la main sur le rapport. Noah Barkin, expert des relations entre l’Europe et la Chine au sein du groupe Rhodium, affirme qu’il existe en Allemagne une grande autocensure à l’égard de la Chine. ‘La Chine est critiquée à l’intérieur plutôt qu’en public’, explique-t-elle.

Néanmoins, il y aura un changement de cap progressif. Parce que la Chine est de plus en plus critiquée pour ses pratiques commerciales douteuses et ses violations flagrantes des droits de l’homme (Ouïgours, Hong Kong).

Si l’UE veut mener une politique étrangère efficace à l’égard de la Chine, la position commerciale de l’Allemagne ne doit pas être le principe directeur. Toujours selon M. Barkin, l’Allemagne en prend conscience. Des voix s’élèvent également à Berlin pour demander que des frontières claires soient imposées aux Chinois en termes de pratiques commerciales et de droits de l’homme. Merkel partira l’année prochaine. Cela pourrait créer un virage politique si elle est remplacée par un chancelier qui montre moins de sympathie pour la Chine.

Von der Leyen veut une loi Magnitsky européenne

Jusqu’à présent, l’Allemagne a souvent donné le ton au sein de l’UE, mais cela pourrait changer. En septembre, la présidente de la CE, Mme Von der Leyen, a annoncé qu’elle voulait créer une loi Magnitsky européenne. Les régimes qui violent les droits de l’homme peuvent être sanctionnés de cette manière.

La loi Magnitsky est une loi qui permet au gouvernement américain de punir ceux qu’il considère comme des violateurs des droits de l’homme. Leurs avoirs peuvent également être gelés et ils peuvent se voir refuser l’accès aux Nations unies.

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