L’Allemagne à contre-courant de l’UE sur l’interdiction des moteurs thermiques : Berlin veut garder ses carburants synthétiques

Des représentants de chacun des pays de l’Union européenne se sont réunis ces lundi et mardi au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, au nord de Paris, dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Ils doivent discuter du sujet ô combien brûlant qu’est la transition énergétique de l’UE. Car tous les États membres de sont pas sur la même longueur d’onde, et certains remettent en question l’objectif fixé l’année dernière de rayer les moteurs thermiques de l’équation dès 2035.

Parmi eux, l’Allemagne, pourtant habituellement très europhile : ce lundi, le ministre allemand des Transports Volker Wissing a marqué son opposition à l’interdiction totale du thermique, insistant sur l’intérêt que son pays porte aux carburants de synthèse: « Nous voulons que les moteurs à combustion restent une option, s’ils fonctionnent exclusivement avec des carburants synthétiques. »

Réutiliser les émissions de carbone de l’industrie

Les carburants synthétiques sont des substances issues de l’hydrogène vert, obtenu par électrolyse de l’eau, qui est ensuite rassemblé avec du dioxyde de carbone (CO2) capturé soit dans l’atmosphère, soit chez un industriel émetteur, qui réduit ainsi ses émissions de gaz à effet de serre.

Une alternative aux carburants fossiles « naturels » qui a le mérite d’être neutre sur le point des émissions de carbone, à partir du moment que sa fabrication est alimentée en énergie propre. Et qui suscite beaucoup d’intérêt dans les secteurs de l’aviation et du transport maritime, mais qui pourrait aussi s’appliquer aux automobiles, à condition de maintenir en circulation des véhicules qui utilisent techniquement un moteur thermique.

Bien sûr, le carburant synthétique n’est pas la panacée, mais on peut l’envisager comme une étape transitoire avant la transition complète de l’industrie automobile vers l’électricité ou l’hydrogène, plutôt que de rayer entièrement l’option thermique du parc automobile. Un point de vue défendu par les pays à l’industrie automobile très développée, comme la Chine, les États-Unis, le Japon, la France ou l’Allemagne, et qui n’ont pas signé l’engagement, durant la COP26 de novembre dernier, à ne plus vendre que des voitures « zéro émission » d’ici 2040.

La France et l’Allemagne dans la même direction

« Nous sommes très doués pour produire des moteurs à essence très performants, mais ils émettent du CO2. Nous devons proposer des moyens de locomotion individuels adaptés à chaque besoin. Nous ne pouvons pas compter que sur la mobilité électrique et l’hydrogène pour le futur », a expliqué Volker Wissing. « Nous n’atteindrons nos objectifs climatiques que si nous offrons des services de mobilité que les gens voient comme un progrès. » Un point de vue sur lequel Allemands et Français avancent, pour une fois, dans la même direction rappelle BFM Business.

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