L’éthanol pharmaceutique envahit le marché des boissons de Russie

L’alcool pharmaceutique n’est pas vraiment une boisson. Cependant, cet alcool, de l’éthanol pharmaceutique, un des breuvages enivrants les plus populaires en Russie, est pour des millions de personnes pauvres, une alternative abordable pour remplacer l’alcool réel.

Plus de 10% de la population russe consomment cet alcool à  usage médical et cosmétique en tant que substitut à la  vodka trop onéreuse. Il s’agit d’un marché énorme qui menace la santé publique, indique le régulateur fédéral de l’alcool de Russie.

On ne dispose pas de chiffres concrets quant à la consommation de cet alcool substitut. Toutefois, entre 170 et 250 millions de litres de cet alcool (40% d’alcool éthylique), utilisé comme désinfectant et pour la teinture, sont consommés par an. La demande augmenterait chaque année de 20%.

En outre, les producteurs de ces médicaments ne sont pas tenus de payer d’accise sur l’alcool (100 roubles par demi-litre de vodka), ce qui représente une perte de 526 à 773 millions de dollars pour le budget fédéral russe. Le fait qu’aucune taxe ne peut être exigée aux producteurs d’éthanol pharmaceutique, ces derniers ont également une longueur d’avance sur leurs concurrents légaux.

Il est également difficile de lutter contre ce substitut car chaque emballage du liquide ne contient que des instructions pour un usage médical ou cosmétique. Par conséquent, les producteurs ont réussi à vaincre les efforts légaux mis en œuvre pour mettre un terme à leurs affaires.

Défis bureaucratiques

Le régulateur fédéral de l’alcool surveille maintenant tous les alcools produits à des fins non médicales ou non cosmétiques, de la production à la vente. Le ministère des Finances russes a également proposé d’interdire la vente de produits alcoolisés dans les distributeurs automatiques. Il s’est avéré que certains producteurs d’alcool de substitution distribuaient leurs produits en tant que qu’alcool de parfum ou de cosmétiques dans des distributeurs automatiques.

Il a été également proposé d’imposer une taxe sur tous les médicaments et cosmétiques contenant de l’alcool, mais, selon les experts, cela risquerait de rendre les médicaments populaires prohibitifs.

« Environ 90% des médicaments contenant de l’alcool disparaîtraient tout simplement du marché », estime l’expert en alcool Vadim Drobiz. « En outre, le marché de l’alcool artisanal de samogon, très dangereux, atteindrait 500 à 600 millions de litres dans un premier temps puis ensuite passer à 800 millions de litres, soit à peu près la quantité de vodka vendue légalement en 2015. »

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