Le sp.a s’agace de ‘l’amateurisme’ du trio: coup de pression, pas de propositions, communication via Twitter

La tentative du MR, de l’Open VLD et du CD&V de former une coalition semble mort-née. Plutôt qu’une tentative de séparer le sp.a de la famille socialiste, le trio opte pour une approche étrange: un mélange de pression médiatique et une absence de communication en coulisses. Le tout engendre pas mal de frustrations, y compris au sein des partis gouvernementaux.

Le trio Bouchez-Lachaert-Coens envoyait en début de semaine un communiqué de presse commun, demandant expressément à un parti de clarifier sa position, sans le nommer: le sp.a. Problème, le président du parti socialiste flamand affirme n’avoir toujours pas reçu de coup de téléphone formel. Ce que Georges-Louis Bouchez contredit d’ailleurs sur Twitter.

Au-delà de ça, le sp.a se demande pourquoi il n’y a plus de réunions de travail techniques, dans lesquelles on parle contenu. Le bras droit de Conner Rousseau, Inti Ghysels, affirme par exemple n’avoir rencontré ses collègues qu’une seule fois.

La pression exercée sur le sp.a passe donc mal du côté des socialistes flamands. Un article de La Libre affirmait hier qu’une note de fond ‘bleue, rouge, verte’ avait été envoyée au sp.a. Ce qu’a contredit Ghysels immédiatement sur les réseaux sociaux, regrettant que ‘tout passe par la presse’.

Même au sein du trio, c’est la confusion: ‘Message d’erreur. Personne n’a parlé à La Libre. Le sp.a ne peut pas répondre à une note qu’il n’a pas encore reçu. Parlons en dehors des médias. Le président de l’Open VLD ajoutant: ‘Nous vous contacterons bientôt.’

‘Ils sont inexpérimentés’

Il n’en fallait pas plus au sp.a pour taxer la tentative du trio ‘d’amateurisme’. Et les socialistes flamands ne sont pas les seuls à se poser des questions. Au sein même du gouvernement, des sources nous le confirment: ‘Vous ne négociez pas de cette façon. Vous ne mettez pas la fanfare avant de parler. De cette manière, vous ne donnez pas d’espace au sp.a, mais vous commencez par une humiliation publique. Ces trois présidents actuellement à la table sont tous jeunes et inexpérimentés: ils n’ont jamais été punis par l’électeur.’ Ambiance.

Par ailleurs, de manière plus personnelle, un retweet de Georges-Louis Bouchez n’est pas passé inaperçu dans la presse flamande. Le président du MR partageait le point de vue d’Opaline Meunier, présidente des jeunes cdH, partenaire montoise de ‘Mons en Mieux’, et proche de GLB. Celle-ci reprenait un tweet du journaliste Himad Messoudi (RTBF) qui pointait du doigt ‘le sexisme hallucinant’ d’un passage de l’interview de Conner Rousseau dans De Morgen ce samedi. Het Laatste Nieuws, le journal le plus lu au nord du pays, décidait d’en faire un article. Tout ceci n’aurait pu être qu’un détail, mais on sait que les relations entre les deux jeunes premiers ont parfois été tendues. Conner Rousseau a lui-même réagi aux attaques dont il a fait l’objet via son compte Instagram.

Au-delà des relations interpersonnelles, des députés sp.a ont chargé le président du MR, là encore sur Twitter. GLB manquerait ‘de sens des responsabilités’, ‘écrivez votre note, proposez du contenu et des solutions au lieu de vous en prendre à notre président, qui travaille 7 jours sur 7 sur des solutions pour le pays’. Là encore, grosse ambiance. Réponse du président du MR: les enjeux vont bien au-delà de quelques querelles via réseau social interposé. Pas de dramatisation.

Et il n’a pas tort. Cette séquence ne bouleversera pas les négociations. Mais cela ne favorisera certainement pas une tentative de coalition qui va pour le moment droit dans le mur.

Le MR en a-t-il vraiment envie?

Il nous revient que le communiqué de presse du trio a été largement inspiré par Bouchez. Et on sait aussi que le MR entretient de bonnes relations avec la Libre, là où a émergé cette fameuse note fantôme.

Le MR veut-il a tout prix cette coalition sans le PS? Outre le fait que la majorité soit très courte (76 sièges sur 150), la représentation des francophones y est infime avec le petit cdH (5 sièges). La position du MR dans l’actuel gouvernement, avec une Première ministre qui a le vent en poupe, n’est pas si inconfortable. Cette dernière pencherait d’ailleurs pour embarquer le PS plutôt que la N-VA.

Reste que l’inaction de la Première ministre dans les négociations est critiquée par un président de parti: ‘Elle ne fait vraiment rien, n’appelle personne, ne prend aucune initiative. Elle attend juste que les autres fassent le sale boulot. Elle a le temps de visiter les écoles de Bruxelles pour leur proclamation, mais pas le temps de faire un gouvernement? Hallucinant.’

Enfin, n’oublions pas que PS et MR gouvernent ensemble en Wallonie. Certains plaident en interne pour une grande alliance entre les deux grands partis du sud du pays, comme autrefois.

Que ce soit le statu quo, la coalition sans le PS ou la tripartite de Magnette, le MR peut voir venir.

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