La Russie met en place un nouveau système de paiement des obligations étrangères afin d’éviter un défaut de paiement « historique »

Moscou prévoit un nouveau système pour régler ses obligations étrangères. Ce mécanisme devrait permettre à la Russie d’effectuer ses paiements obligataires en roubles, qui sont ensuite échangés afin que l’investisseur puisse recevoir le paiement dans la bonne devise. Une construction similaire au système « roubles contre gaz » mis en place par le Kremlin il y a deux mois.

Fin mars, le dirigeant russe Vladimir Poutine a annoncé que l’achat de gaz russe devrait désormais se faire en roubles. Avec ce décret, les devises étrangères payées par les clients doivent être converties en roubles sur des comptes ouverts auprès de la chambre de compensation nationale russe, une organisation qui veille à ce que les transactions financières entre deux parties soient réglées de manière sécurisée.

Le nouveau mécanisme annoncé par Moscou serait l’image miroir de ce régime d’exportation du gaz, rapporte le journal économique Vedomosti, citant le ministre des Finances Anton Siluanov.

Pour le paiement des obligations, les investisseurs devront ouvrir un compte en devises étrangères et un compte en roubles dans une banque russe, et fournir des instructions permettant l’échange, a expliqué M. Siluanov. « Maintenant, nous sommes en train de finaliser ce mécanisme, nous allons en discuter au sein du gouvernement. Nous présenterons ensuite une offre à nos investisseurs », a-t-il ajouté, cité par Business Insider.

Pas de défaut de paiement

La Russie a maintenu les paiements sur ses obligations en devises étrangères depuis son invasion de l’Ukraine fin février. Elle l’a fait en dépit des attentes généralisées selon lesquelles elle ferait défaut pour la première fois depuis 1918. Plusieurs médias financiers américains, par exemple, l’ont rapidement qualifié d' »historique ». Néanmoins, rembourser ses dettes est soudainement devenu beaucoup plus difficile la semaine dernière, en raison de la disparition d’une règle de droit particulière aux États-Unis.

Expliquons-nous : jusqu’à présent, les détenteurs d’obligations occidentaux n’étaient autorisés à recevoir des obligations d’État russes qu’en raison d’une règle spéciale mis en place par le département du Trésor américain à la fin du mois de février. L’exemption – officiellement appelée General License 9A – « permet aux personnes américaines de recevoir des intérêts, des dividendes ou des paiements à l’échéance sur des titres de créance ou de participation » du gouvernement russe. En conséquence, les capitaux s’échappent de la Russie malgré les sanctions financières étouffantes.

Le problème pour Moscou est que l’exemption a expiré le 25 mai. Les institutions américaines ne peuvent donc plus recevoir de paiements obligataires de la Russie sans violer les sanctions.

Rendre la vie difficile à la Russie

Entre-temps, la Russie a dû débourser 100 millions de dollars en paiements d’obligations étrangères la semaine dernière, tant en euros qu’en dollars. Bloomberg a rapporté que ceux-ci n’étaient pas encore arrivés sur les comptes des investisseurs vendredi.

Le ministre russe des Finances a déclaré vendredi à la télévision d’État que son pays effectuerait les paiements sur les obligations libellées en euros en euros, car l’UE n’avait pas interdit ces paiements, a rapporté Bloomberg.

Toutefois, les États-Unis ont clairement fait savoir qu’ils voulaient rendre la vie difficile à la Russie, et les investisseurs occidentaux pourraient donc être réticents à accepter ces plans. C’est ce que soutient Timothy Ash, stratège chez BlueBay Asset Management. « Si vous êtes une banque européenne avec des opérations majeures aux États-Unis, vous refuserez probablement de peur d’être impliqué dans des sanctions américaines supplémentaires », a-t-il déclaré à Business Insider.

Symbolique

Au total, le Kremlin doit encore effectuer plus de 1,8 milliard de dollars de paiements obligataires cette année, selon une liste compilée par les analystes de JPMorgan.

Certains experts ont déclaré que tout défaut de paiement de la part de la Russie serait essentiellement symbolique, car les sanctions empêchent de toute façon la Russie de contracter des prêts internationaux.

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