L’invasion russe de l’Ukraine est évidemment à pointer du doigt pour expliquer cette pénurie mondiale de riz, mais ce n’est pas le seul facteur.
L’actualité : la production de riz en 2023 devrait enregistrer son plus grand déficit en deux décennies, selon l’agence de notation financière internationale Fitch Solutions.
- « Au niveau mondial, l’impact le plus évident du déficit mondial du riz a été, et est toujours, des prix du riz élevés depuis une décennie », a déclaré l’analyste des matières premières de Fitch Solutions, Charles Hart, à CNBC.
Le contexte : la guerre en Ukraine a évidemment chamboulé l’approvisionnement mondial en riz, mais ce n’est pas le seul facteur. Les problèmes météorologiques dans les économies productrices de riz comme la Chine et le Pakistan sont également en cause.
« La Chine est le plus grand producteur de riz et de blé au monde et connaît actuellement le plus haut niveau de sécheresse dans ses régions rizicoles depuis plus de deux décennies »
Kelly Goughary, analyste de recherche senior chez Gro Intelligence.
- La production de riz aux États-Unis a également baissé, de même que dans plusieurs pays européens, victimes d’importantes sécheresses.
- Les restrictions à l’exportation décidées par l’Inde, premier exportateur de riz au monde, ont évidemment joué dans la balance.
Conséquences : la production chute, ce qui fait grimper les prix de cette céréale parmi les plus cultivées au monde.
- L’impact se fait particulièrement ressentir en Asie-Pacifique, car c’est là que 90 % de la consommation mondiale du riz se concentre.
- Les prix élevés du riz devraient rester proches des sommets actuels jusqu’en 2024, selon un rapport de Fitch Solutions daté du début du mois.
- Les pays importateurs sont également fortement touchés, notamment l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie et les pays africains.
- Certains des pays parmi les plus touchés par une forte inflation tels que le Pakistan, la Turquie, la Syrie et certains pays d’Afrique seront contraints de puiser dans leurs réserves nationales.
- Le prix du riz était en moyenne de 17,30 $ par quintal jusqu’à présent en 2023. Il ne devrait baisser qu’en 2024 pour atteindre 14,50 $ par quintal.
En parallèle : l’augmentation des prix du riz peut également s’expliquer par le fait qu’il est devenu beaucoup plus populaire, suite à la flambée des prix d’autres céréales majeures. La guerre en Ukraine a en effet provoqué une envolée des prix du blé et du maïs, poussant une partie des consommateurs à se tourner vers le riz, malgré tout plus abordable.
- Une demande en hausse qui a eu pour effet d’empirer la situation et donc, la flambée des prix du riz.
Un indice de l’inflation
Le déficit mondial pour 2022-2023 s’élèverait à 8,7 millions de tonnes, selon les prévisions de l’agence, soit le plus grand déficit mondial de riz depuis 2003-2004 (18,6 millions de tonnes).
- « Étant donné que le riz est la denrée alimentaire de base sur de nombreux marchés en Asie, les prix sont un déterminant majeur de l’inflation des prix alimentaires et de la sécurité alimentaires, en particulier pour les ménages les plus pauvres », a écrit Charles Hart dans son rapport.
Une amélioration en 2024
La pénurie devrait cependant bientôt être du passé. Le marché mondial du riz devrait en effet retrouver une « position presque équilibrée en 2023-2024 ».
- De quoi faire tomber les prix de la céréale en glissement annuel en dessous de leur niveau de 2022, selon Flitch Solutions.
- Ils devraient cependant rester élevés de « plus d’un tiers au-dessus de leur valeur moyenne d’avant Covid (2015-2019), en partie à mesure que les stocks sont reconstitués après une période de retrait important ».
- « Nous estimons que la production mondiale de riz connaîtra un solide rebond en 2023/24, avec une production totale en hausse de 2,5 % sur un an », prévoit le rapport de Fitch Solutions. « Nous pensons que le marché du riz redeviendra excédentaire en 2024/25, puis continuera à se relâcher à moyen terme », prédit-il.
À noter : la culture du riz reste très vulnérable aux conditions climatiques. Elle pourrait donc être à nouveau perturbée si les plus gros pays producteurs venaient à être confrontés à des pluies anormalement abondantes ou à d’intenses vagues de chaleur, ce qui, avec le réchauffement climatique, est loin d’être exclu.