La grande braderie d’Evergrande: pour éponger ses dettes, le géant chinois a déjà vendu deux jets Gulfstream

Fin septembre, il est apparu qu’Evergrande faisait face à une dette abyssale de 300 milliards de dollars, dont environ 20 milliards de dollars d’obligations en dollars. Il y a quelques semaines, le géant chinois de l’immobilier a effectué deux paiements de dernière minute de plus de 120 millions de dollars d’intérêts sur des obligations. Ils ont en partie été financés par la vente de deux jets Gulfstream.

Fin octobre, à moins d’une semaine d’intervalle, Evergrande a honoré sur le gong deux paiement d’intérêts sur des obligations. 83,5 millions de dollars d’abord, 45,2 ensuite. Ce qui lui a permis d’éviter in extremis un défaut de paiement. Du moins pour l’instant.

55 millions de dollars grâce aux jets

Ce vendredi, le Wall Street Journal révèle qu’une partie de ces paiements a été financée par la vente de deux jets Gulfstream auprès de deux sociétés américaines d’investissement en aéronautique. Des ventes conclus fin octobre, en même temps que les remboursements, donc.

D’une part, Evergrande s’est séparé d’un Gulfstream G650, un jet ultralong-courrier pouvant accueillir 15 passagers. L’appareil a été racheté par Earth Air, qui opère depuis Los Angeles et qui possédait déjà deux jets Gulfstream similaires. Montant de l’opération: 40 millions de dollars.

Ce jet, âgé de cinq ans, a passé plus de 1.400 heures dans les airs et possède un intérieur brillant comprenant des salons, un réfrigérateur et un four. Il a déjà été remis en vente par Earth Air, pour 43,9 millions de dollars.

D’autre part, Evergrande a vendu un jet plus ancien à Aviation Sales Associates, qui opère depuis la Californie. Prix: 15 millions de dollars.

Au total, Evergrande a donc pu récupérer 55 millions de dollars, soit un peu moins de la moitié de ce qu’elle a réussi à rembourser fin octobre.

C’est sûrement loin d’être fini

D’après le Wall Street Journal, Evergrande possédait au moins quatre jets (+ un autre déjà commandé) avant de vendre les deux cités ci-dessus. Le fruit de la folie dépensière de son fondateur et patron Hui Ka Yan, qui les a achetés pendant l’âge d’or de la société en vue de les utiliser pour se déplacer avec les cadres de la société et d’autres personnes dans le monde entier.

L’entreprise chinoise n’a certainement pas fini sa grande braderie. Evergrande cherche d’ailleurs déjà un acheteur pour un jet à large fuselage Airbus ACJ330, beaucoup plus grand.

La semaine dernière, il est apparu que les autorités chinoises avaient prié Hui Ka Yan de puiser dans sa fortune personnelle pour rembourser les dettes de son entreprise. Une richesse difficile à estimer, étant donné qu’un grand nombre de ses actifs sont détenus par le biais d’un réseau complexe de sociétés et d’affiliés qui peuvent masquer leur propriétaire final.

Quoi qu’il en soit, depuis l’introduction en bourse d’Evergrande à Hong Kong en 2009, Hui Ka Yan a perçu plus de 7 milliards de dollars de dividendes et déployé environ 3,3 milliards de dollars pour acheter des actions de la société, des obligations et des biens de luxe, selon une analyse du Bloomberg Billionaires Index. La destination du reste de ces versements reste un mystère. Mais il apparaît que rien que la vente des biens de luxe pourrait permettre de couvrir les plus de 400 millions de dollars de coupons d’obligations qui doivent encore être payés ou dont le délai de grâce se termine cette année.

D’après les calculs de Bloomberg, ces biens de luxe valent 485 millions de dollars. On y retrouve notamment un Superyacht à 45,1 millions de dollars, deux manoirs à Hong-Kong d’une valeur combinée de 204 millions de dollars… et les fameux jets pas encore vendus. Qui pourraient rapporter, eux, 236 millions de dollars.

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