Selon un sondage réalisé auprès d’épidémiologistes, de virologues et de spécialistes des maladies infectieuses, il faudra tout au plus un an, voire moins, avant que la première génération de vaccins contre le Covid-19 soit inefficace et nécessite des modifications.
Cette sombre prédiction est le résultat d’une enquête menée auprès de 77 scientifiques de 28 pays. Près d’un tiers des personnes interrogées ont déclaré que le délai de mise au point de nouveaux vaccins serait probablement de neuf mois ou moins. L’enquête est une initiative de la People’s Vaccine Alliance.
La persistance de faibles taux de vaccination dans de nombreux pays rendrait plus probable l’apparition de mutations résistantes aux vaccins actuels, selon 88 % des personnes interrogées. Tous les sondés sont des épidémiologistes, des virologues et des spécialistes des maladies infectieuses travaillant dans des institutions réputées telles que les universités Johns-Hopkins, Yale, l’Imperial College London, la London School of Hygiene & Tropical Medicine ou encore l’University of Edinburgh.
Près d’un sondé sur cinq craint même qu’il nous reste moins de six mois
66,2% des experts pensent que nous avons un an ou moins avant que le virus ne mute au point de rendre inefficaces la plupart des vaccins de première génération. 18,2 % d’entre eux pensent que nous avons 6 mois ou moins et 32,5 % 9 mois ou moins. Seuls 7,8 % des répondants pensent que nous ne verrons jamais de mutations qui rendraient les vaccins actuels inefficaces et nécessiteraient des vaccins nouveaux ou modifiés.
‘De nouveaux variants apparaissent chaque jour. Certaines peuvent se transmettre plus efficacement et potentiellement contourner les réponses immunitaires aux souches antérieures’, estime Gregg Gonsalves, professeur associé d’épidémiologie à l’université de Yale, qui a participé à l’organisation de l’enquête. ‘Si nous ne vaccinons pas suffisamment de personnes dans le monde, nous laissons le champ libre à de plus en plus de mutations, qui peuvent donner naissance à des variants capables de contourner nos vaccins actuels et de nécessiter des rappels pour y faire face’.
La vaccination est trop lente, les vaccins à ARNm trop coûteux
Parmi les vaccins qui ont été homologués jusqu’à présent dans diverses parties du monde, on en retrouve à base d’anciennes et de nouvelles technologies. L’approche de l’ARNm, utilisée par les sociétés Pfizer/BioNTech et Moderna, permet aux vaccins d’être adaptés rapidement (en quelques semaines ou mois) pour lutter face à de nouveaux variants. Mais les problèmes de fabrication sont toujours une menace potentielle. Il faut aussi rappeler qu’ils sont hors de portée des pays les plus pauvres, car ces vaccins sont beaucoup plus chers et parce qu’ils doivent être stockés à des températures extrêmement froides, ce qui est quasiment impraticable sous les tropiques.
Des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont administré au moins une dose de vaccin à plus d’un quart de leur population et ont sécurisé des centaines de millions de dollars de fournitures. Dans l’UE, ce taux est d’environ 11%. En revanche, des pays comme l’Afrique du Sud et la Thaïlande n’ont même pas réussi à vacciner 1% de leur population. Certains pays n’ont d’ailleurs même pas encore pu administrer leur première dose.
Covax – l’initiative de coalition mondiale en matière de vaccins visant à contrer ce que l’on appelle le nationalisme vaccinal – espère fournir des vaccins à au moins 27 % de la population des pays à faible revenu d’ici 2021.
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