L’État français a annoncé hier les détails de l’opération financière visant à retirer le géant de l’énergie EDF de la bourse et à le rendre entièrement à l’État. « Cela renforce notre indépendance énergétique et donnera à EDF les ressources nécessaires pour accélérer ses projets de nouveaux réacteurs nucléaires », a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
L’État français, qui est déjà l’actionnaire majoritaire, met un peu moins de 10 milliards d’euros pour acquérir les quelque 16 % d’actions qu’il ne possède pas, ce qui ramène EDF (en abrégé Électricité de France) dans le giron public à 100 %. Il s’agit d’une offre généreuse que les investisseurs n’hésiteront probablement pas à accepter.
En conséquence, EDF, principalement connue en Belgique pour sa filiale Luminus, va bientôt disparaître de la bourse. L’État disposera ainsi d’une plus grande marge de manœuvre pour assainir la mauvaise situation financière du géant de l’énergie – ironiquement causée en partie par le plafonnement des prix du gaz et de l’électricité imposé par l’État – sans ingérence des autres actionnaires.
Indépendance énergétique
Mais le communiqué du ministre met essentiellement l’accent sur le signal géopolitique. Il parle d’une « garantie pour l’indépendance et la souveraineté énergétique de la France », car l’État pourra désormais planifier sa propre production et distribution à très long terme. À cette fin, le gouvernement français va également nommer un nouveau président-directeur général pour EDF, en remplacement de l’actuel dirigeant Jean-Bernard Lévy.
Le Maire parle du « plus grand projet industriel depuis quarante ans » pour la France, avec deux piliers : le nucléaire et les énergies renouvelables.
Plan de Belfort
Le principe directeur, selon M. Le Maire, est le plan annoncé par le président Macron en février dans la ville de Belfort : la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (de type EPR2, ou European Pressurized Reactor) d’ici 2050, plus la préparation éventuelle de huit autres.
En outre, les centrales nucléaires existantes, qui souffrent de rouille et d’autres problèmes d’usure, doivent être rénovées en profondeur. EDF exploite actuellement 56 réacteurs nucléaires en France, qui assurent 70 % de l’approvisionnement national en électricité.
Ses propres parcs éoliens et solaires devraient renforcer l’indépendance énergétique de la France.
« Ces sites lieront l’entreprise pour les décennies à venir, EDF continuant à jouer un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique de la France. C’est pourquoi l’État souhaite s’assurer qu’EDF dispose d’une gouvernance adaptée et des moyens nécessaires, notamment financiers, pour accomplir dans la durée cette mission d’importance nationale », écrit le ministère français de l’Économie.
(JM)