La demande de De Croo pour mettre sur pause la réglementation autour du climat va-t-elle encore enflammer la Vivaldi ?

Est-ce qu’une confrontation entre les libéraux et les écologistes aura lieu ce mercredi au sein du Comité de concertation ? La Belgique doit essayer de trouver une position commune, avec le gouvernement fédéral et les régions, sur la loi européenne de restauration de la nature. Celle-ci est extrêmement controversée au sein même de la Vivaldi : à droite, le Premier ministre De Croo et le CD&V sont très fermement opposés, tandis que les écologistes tiennent leur position et veulent absolument intégrer la loi. Le gouvernement flamand a de grandes réserves, mais discute discrètement avec les gouvernements bruxellois et wallon, et surtout avec les Suédois, qui dirigent actuellement l’UE. Ces derniers cherchent un compromis entre les États membres. Beaucoup veulent que la loi soit moins stricte. Entretemps, le texte a été considérablement affaibli au Parlement européen : sans le PPE, il faut convaincre le groupe libéral afin de trouver une majorité avec l’extrême gauche. Un jeu de poker complexe entre le Parlement européen, les États membres et la Commission, sur lequel les politiciens belges ont peu de contrôle. Le Comité de concertation pourrait donc devenir rien de plus qu’une pièce de théâtre politique. Mais tout le monde suit de près la position belge : dans un peu plus de six mois, De Croo et son équipe dirigeront l’UE, à l’occasion de la présidence tournante de l’UE.

Dans l’actualité : La guerre politique autour de la loi européenne de restauration de la nature fait rage.

Les détails : Malgré une forte opposition du Commissaire européen Frans Timmermans et des partis écologistes, cette loi sera affaiblie d’une manière ou d’une autre. La question est de savoir si la Belgique peut alors se mettre d’accord, ou si elle se mettra de côté en s’abstenant.

  • « Si la Belgique vote contre la loi de restauration de la nature, alors le Premier ministre mettra lui-même fin à son gouvernement. En tant que parti écologiste, nous voulons rester fidèles à nos idéaux. » C’est ce qu’a déclaré de manière assez audacieuse Jeremie Vaneeckhout, co-président de Groen, ce week-end dans De Zondag.
  • Ceux qui lisent entre les lignes savent qu’il ne prenait pas vraiment de risque : il n’est pas question de « voter contre » lors du sommet européen du 20 juin entre les ministres de l’Environnement de l’UE. Car il s’agit d’un long processus.
  • Alors que les gouvernements wallon et bruxellois, avec les figures d’Ecolo Alain Maron à Bruxelles et Céline Tellier en Wallonie, sont clairement en faveur de cette loi de restauration de la nature, le gouvernement flamand a beaucoup plus de réserves. C’est pourquoi la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA), a mis le sujet à l’ordre du jour du Comité de concertation, qui se réunira demain.
  • « La Vivaldi va-t-elle alors officiellement soutenir la position flamande selon laquelle nous avons beaucoup de questions sur cette loi de restauration de la nature ? Parce que jusqu’à présent, ils n’ont pas vraiment partagé une ligne claire », ironise-t-on à la Place des Martyrs, où se trouve le bureau du gouvernement flamand. Ce n’est pas innocent, car au sein de la N-VA, on sait très bien qu’on n’est pas seul dans la résistance : l’Open Vld et surtout le cd&v sont radicalement opposés à la loi européenne dans sa forme actuelle.
  • De plus, c’est De Croo qui a lui-même lancé la première torpille au sein de sa coalition : « Nous ne devons pas surcharger le chariot », avait déclaré Alexander De Croo (Open Vld) à propos de cette loi de restauration de la nature, en disant que l’accent « doit d’abord être mis sur la réduction du CO2 », mais il a attiré sur lui la frustration des écologistes.
  • Ils répètent encore et encore que cette restauration de la nature est absolument nécessaire dans la lutte contre le climat : après tout, les arbres et les plantes sont nécessaires pour absorber plus de CO2. « On refuse d’écouter la science », est l’argument imparable qui est brandi.
  • « Il est probable que demain, on se contentera de prendre acte et de faire l’état des lieux. À moins que De Croo et Ecolo ne veuillent se battre coûte que coûte, mais ce serait sans beaucoup d’arguments substantiels », dit-on du côté des personnes concernées.
  • Il est peu probable que la Belgique vote contre le 20 juin : les écologistes ne devraient pas renverser la table au Comité de concertation. Une abstention, qui s’est déjà produite, est le scénario le plus réaliste pour la Belgique : Vaneeckhout peut donc menacer sans problème De Croo.

En fait : il devient de plus en plus probable que la Belgique n’ait pas à s’abstenir. En effet, la loi sur la restauration de la nature sera de toute façon atténuée.

  • Le processus décisionnel européen est assez complexe et se déroule sur trois fronts. Tout d’abord, il y a la Commission européenne. Celle-ci a rédigé la première proposition, qui fait partie du plan plus vaste du « Green Deal » et qui est assez radicale, sous l’impulsion de Frans Timmermans. D’ici 2030, 20 % de toutes les zones naturelles devraient être restaurées, et d’ici 2050, toutes les zones. Timmermans reste fermement attaché à sa « ligne dure ».
  • Ensuite, le Parlement européen aura son mot à dire : la commission de l’Agriculture a voté contre, tandis que la commission de l’Environnement travaille actuellement sur des ajustements pour obtenir une majorité.
    • Le plus grand groupe politique, le PPE, auquel appartient le CD&V, est simplement contre. Mais les socialistes, les verts, les libéraux et l’extrême gauche cherchent maintenant un compromis pour trouver une majorité. Cela devrait se faire en juillet.
    • Les 20 % d’ici 2030 semblent déjà être abandonnés, bien que l’objectif de restaurer toutes les zones naturelles d’ici 2050 soit maintenu. Les États membres obtiendront plus de flexibilité dans la mise en œuvre de la restauration de la nature. C’est ce que recherche également la Flandre : des exceptions pour les zones densément peuplées.
    • Et surtout : la Commission aura du mal à sanctionner les États membres qui ne parviennent pas à réaliser complètement la restauration. Des exceptions seront également prévues pour les conséquences socio-économiques et les projets d’énergie verte.
  • Enfin, il y a les États membres : ils doivent à leur tour donner leur approbation à la majorité qualifiée. La Suède, qui assure actuellement la présidence de l’UE, mène les négociations à ce niveau. Ils sont en train d’affaiblir le texte.
  • Cela n’est pas surprenant : le président français Emmanuel Macron avait déjà de grandes réserves quant à un Green Deal « trop poussé ». Aux Pays-Bas, le Premier ministre Mark Rutte a été confronté à une énorme victoire du BBB, un parti agricole, qui rejette toute nouvelle législation environnementale restreignant l’agriculture. Cela montre bien que le vent souffle contre la Commission européenne.

À noter : tout le monde regarde la Belgique qui assurera la prochaine présidence de l’UE.

  • « Nous négocions activement avec les Suédois, qui vont présenter une nouvelle proposition. Et nous consultons également le gouvernement wallon », déclare-t-on du côté néerlandophone. Car l’agriculture joue également un rôle important en Wallonie, et le PS et le MR ne soutiennent sans broncher la ligne d’Ecolo.
  • Les Suédois utiliseraient la formule magique « il faut tenir compte de la diversité des situations dans les différentes régions de l’Union » dans le texte. Cela ouvrirait la voie à la Flandre, notamment en utilisant le principe de subsidiarité (le niveau le plus efficace prend des décisions) pour conserver une marge de manœuvre dans la mise en œuvre des nouvelles règles.
  • Ainsi, la Belgique pourrait finalement se prononcer en faveur d’un accord, ce qui conviendrait également à De Croo pour éviter un énième « abstention » au niveau européen. Dans de nombreux dossiers de l’UE, en particulier dans le cadre du « Green Deal », il y a eu des abstentions en raison de l’absence d’une position unanime en Belgique. La composition des gouvernements n’y est pas étrangère, et les regards se portent souvent vers la N-VA.
  • En même temps, les diplomates estiment que les Suédois ne comptent plus vraiment sur les voix belges et néerlandaises pour obtenir une majorité qualifiée : on suppose qu’il y aura trop de résistance interne dans ces deux pays.
  • À la Belgique d’éviter cette situation, pour peser sur la discussion. Car bientôt, ce pays assumera la présidence de l’Union européenne : De Croo et son équipe prendront les rênes au premier semestre de 2024. La question est de savoir dans quelle mesure les entités fédérées, en particulier la Flandre, lui donneront carte blanche pour briller sur la scène européenne.
  • Quoi qu’il en soit, le dossier de la loi sur la restauration de la nature devra encore passer par le processus européen de décision : si les États membres s’accordent en juin et que le Parlement donne son approbation en juillet, il faudra ensuite trouver un texte de compromis avec la Commission et tout faire approuver à nouveau à l’automne.

Également à l’ordre du jour de Vivaldi : Engie est de retour. Et dans dix jours, il y aura un conclave.

  • On savait depuis un certain temps que le Premier ministre De Croo voulait résoudre le dossier des réformes fiscales en réunissant tout le monde. Mais désormais, cela devient concret : dès le week-end du 17 et 18 juin, il souhaite réunir son équipe en conclave.
  • Il y aura donc des décisions à prendre, bien que la date soit un peu suspecte : elle est fixée plus d’un mois avant la date limite ultime du 21 juillet pour la Vivaldi.
  • Il est donc possible que cela ne se limite pas à un seul week-end, mais que l’équipe organise plusieurs sessions. Les contours sont clairs : le vice-Premier ministre CD&V, Vincent Van Peteghem, a présenté une proposition de 6 milliards d’euros, mais il est très probable que l’accord se fasse sur un montant beaucoup plus bas.
  • En même temps, l’Open Vld joue cartes sur table : le Premier ministre ne va pas organiser de conclave pour échouer. Ne pas parvenir à un consensus à la fin serait vraiment une défaite.
  • Mais il reste difficile de travailler avec le MR sur ce dossier : cette semaine encore, Georges-Louis Bouchez (MR) cherche à attirer l’attention des médias pour souligner une fois de plus que la réforme fiscale doit s’accompagner d’une réforme du marché du travail. Bouchez insiste à nouveau sur la limitation dans le temps du chômage, une ligne rouge absolue pour le PS.
  • Entre-temps, la Vivaldi continue de surveiller les discussions avec les Français d’Engie concernant les centrales nucléaires. « Ce dossier devrait enfin aboutir, nous l’espérons cette semaine », déclare une source gouvernementale. Mais ailleurs, on tempère : « Nous espérons. Mais cela fait déjà des mois que ça dure. »
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