La cigarette uniquement autorisée pour les plus de… 100 ans ?

Le tabagisme menace d’être relégué aux oubliettes dans l’État américain d’Hawaï : un projet de loi prévoit en effet de repousser graduellement l’âge minimum pour acheter des cigarettes. Ainsi, si ce projet de loi était validé, en 2024, seules les personnes centenaires pourraient se payer un paquet de cigarettes. 

Dans un premier temps, dès l’année prochaine, l’âge minimum requis pour acheter du tabac serait porté à 30 ans. Sur les 4 années suivantes, cet âge minimum serait augmenté de 10 ans chaque année, pour atteindre 60 ans en 2023. Et en 2024, il serait même augmenté de 40 ans, afin de passer à 100 ans.

Seules, les cigarettes sont ciblées

Le projet de loi ne cible que les cigarettes pour le moment, et exclut les cigares et le tabac à chiquer, mais aussi les cigarettes électroniques. Ces dernières sont en effet jugées moins nocives parce qu’elles « se distinguent des cigarettes ordinaires en ce qu’elles ont un potentiel cancérogène beaucoup plus faible que les cigarettes ».

« Le législateur estime que la cigarette est sans aucun doute le produit le plus mortel de l’histoire de l’humanité », explique Richard Creagan, député démocrate, qui est à l’origine de ce projet de loi. « La cigarette est un produit déraisonablement dangereux, qui coûte la vie à la moitié de ses utilisateurs à long terme », ajoute-t-il. Il précise que l’État d’Hawaï souffre également de sa propre addiction au tabagisme… Plus exactement, aux 100 millions de dollars de recettes fiscales annuelles provenant des ventes de tabac.

Cet Etat américain était déjà l’un des plus restrictifs des Etats-Unis en la matière. Comme la Californie, le New Jersey, le Massachusetts, l’Oregon et le Maine, il a fixé à 21 ans l’âge minimum légal pour acheter des cigarettes.

« Si nous ne les interdisons pas, nous tuons des gens »

Creagan, médecin urgentiste de profession, a expliqué qu’il souhaitait l’éradication totale des cigarettes des rayons des magasins de Hawaï. « Nous avons ici un groupe qui est fortement dépendant – à mon avis,  réduit en esclavage par une industrie incroyablement perverse, qui l’a réduit en esclavage en concevant une cigarette fortement addictive, tout en sachant qu’elle est très meurtrière. Et c’est effectivement le cas, elle l’est », dit-il.

En conséquence, selon lui, la législation actuelle seule ne pourra pas remédier à ce problème. Et comme il estime que « l’Etat est obligé de protéger la santé de sa population« , il doit interdire le tabagisme, de la même manière qu’il interdit les opioïdes ou conditionne la fourniture de certains médicaments à la détention d’une ordonnance. Les cigarettes étant « plus meurtrières que les médicaments sur prescription, et plus addictives », le législateur a le devoir de libérer les gens de cet « esclavage horrible » et « de faire quelque chose pour sauver des vies ». « Si nous n’interdisons pas les cigarettes, nous tuons des gens », conclut-il.

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