La Chine a-t-elle perdu son rover martien flambant neuf ?

L’agence spatiale chinoise est inhabituellement discrète sur Zhurong, son rover qui explore la planète Mars depuis mai 2021. Or selon des images de la NASA, le petit robot à l’étoile rouge n’a pas bougé depuis bien longtemps.

La Chine ne fait pas mystère de ses ambitions croissantes dans l’espace, reprenant en un sens le flambeau du grand rival communiste face aux États-Unis. Et elle maintient un rythme impressionnant, avec sa propre station spatiale en orbite, et tout un programme de lanceurs de plus en plus puissants. Mais une conquête spatiale ne se fait pas sans couac : il se pourrait bien que les premières traces made in China dans la poussière martienne aient fait long feu.

Une hibernation qui se prolonge

  • Le rover Zhurong, le premier engin de ce genre de la Chine, s’est posé sur Mars en mai 2021 dans le cadre de la mission Tianwen-1. Les communications ont pu être établies et le petit véhicule nous a renvoyé des photos, faisant de l’Empire du Milieu la seconde puissance spatiale à accomplir un tel exploit technique.
  • Sauf qu’on a peut-être bien perdu le petit Zhurong. Après un an de bons et loyaux services, le rover, qui fonctionne à l’énergie solaire, est entré en hibernation en mai dernier pour surmonter les faibles niveaux de rayonnement solaire de l’hiver dans la région Utopia Planitia de Mars.
  • Or selon les images prises par le Mars Reconnaissance Orbiter de la NASA, en orbite de la planète rouge, démontrent que le robot n’a pas bougé depuis au moins septembre 2022. Son dernier passage remonte à ce mois-ci ; cela fait 5 mois d’immobilité, auxquels s’ajoutent l’étrange silence de la Chine, pourtant prompte à communiquer sur ses prouesses.
  • Zhurong devait se réveiller vers le mois de décembre, au moment du solstice de printemps dans l’hémisphère nord de Mars. Visiblement ça n’est pas le cas, et des sources internes qui veulent rester discrètes au sein de l’agence spatiale chinoise susurrent que le contact radio a été perdu, selon le South China Morning Post.
Le rover Zhurong immobile, observé depuis l’orbite par le Mars Reconnaissance Orbiter de la NASA. NASA/JPL-Caltech/UArizona

La poussière rouille a étouffé le robot rouge ?

les images prises par HiRISE, la caméra à haute résolution du Mars Reconnaissance Orbiter, suggèrent que le rover chinois a été progressivement recouvert de poussières martiennes, jusqu’à trop recouvrir ses panneaux solaires pour qu’il puisse emmagasiner assez d’énergie, et à bloquer la paire de « fenêtres » qui permettent à un produit chimique appelé n-undécane de stocker de l’énergie thermique pendant le jour et de la libérer pendant la nuit.

  • Ce danger est connu pour les rovers martiens : Perseverance a bien failli aussi en être victime, et a subi deux semaines de blackout en 2021.
  • La même mésaventure était arrivée au rover Spirit de la NASA, en 2005. Mais alors que la mission de celui-ci ne devait durer que 90 jours, il a pu bénéficier d’un phénomène de désensablement dont l’origine n’est toujours pas connue, et qui était peut-être lié à un système de vent particulier dans cette région de Mars. Le rover a ainsi pu rester actif pendant 6 ans et 3 mois avant de s’étendre définitivement en 2010, rappelle Space News.
  • Un épisode mal compris qui laisse donc un espoir à son cousin chinois, qui pourrait un jour reprendre contact avec nous.
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