Hausse du volume des échanges et des taux de rendement des obligations des promoteurs chinois, relâchements dans les régulations, baisse des taux d’intérêts sur les prêts hypothécaires pour stimuler la demande : des éléments positifs pour le secteur immobilier chinois apparaissent. Il pourrait reprendre du poil de la bête, mais dans l’immédiat, il n’est pas encore au bout de ses peines. Son modèle économique à très forte croissance semble également appartenir définitivement au passé.
Depuis plusieurs mois, le secteur immobilier chinois est dans la tourmente. Les ventes sont en baisse, et d’importants promoteurs, dont le géant Evergrande, croulent sous les dettes. Mais le vent pourrait bien être en train de tourner, pour différentes raisons.
Du côté des obligations, le secteur peut voir quelques bonnes nouvelles. Le volume d’obligations échangées augmente ces dernières semaines. A la fin mars, le volume était d’environ 700 millions de dollars, contre environ 580 au début du mois. Depuis, le volume reste d’environ 700 millions de dollars, selon les données de MarketAxess, cité par CNBC. Les taux de rendement sur les obligations sont également en train d’augmenter : le Ice Bofa Asian dollar high-yield corporate index, indice qui suit les taux sur les obligations, a augmenté de 15% entre la mi-mars et début avril. Cela veut dire que les investisseurs ont confiance.
C’est que Pékin semble vouloir soutenir le secteur, qui représente environ 30% de son PIB, et desserrer la vis. En 2020, le gouvernement avait imposé des limites sur les prêts, par rapport aux liquidités, aux actifs et aux capitaux que détiennent les entreprises. Il jugeait les prêts pris par les promoteurs comme étant excessifs. Pour de nombreuses sources, cette limitation a cependant provoqué la crise des dettes.
Les gouvernements locaux assouplissent également les règles : des personnes qui n’ont pas encore le statut de résident peuvent désormais acheter des maisons.
Les banques, dans une centaine de villes en Chine, ont baissé les taux t’intérêt sur les prêts hypothécaires, de 0,2 à 0,6 points de pourcent, depuis mars, pour faire face à la baisse des ventes des biens immobiliers. C’est ce qu’affirmait la semaine dernière Zou Lan, directeur de la section des marchés financiers auprès de la Banque centrale chinoise.
Pression des confinements
La Chine fait actuellement face à une vague d’infections au coronavirus sans précédent, et de nombreuses villes d’une haute importance économique sont placées en confinement. Jusqu’à 40% de l’économie sont ainsi affectés par les confinements, et l’impact sur l’économie, à terme, sera grave.
Dans cette situation, la Chine semble vouloir éviter davantage de dégâts à l’économie, causés par le secteur immobilier, en mauvaise posture jusque-là. « La position du gouvernement est d’essayer d’empêcher la contagion du secteur immobilier à l’économie réelle », explique Gary Ng. « Les mesures étaient peut-être trop strictes. Nous assistons maintenant à un ajustement de la politique. Le pire est passé pour les promoteurs qui sont globalement en phase avec l’objectif ou le cadre réglementaire actuel. »
Le secteur n’est peut-être pas encore au bout de ses peines
Malgré ces signes positifs, la situation des promoteurs même pourrait encore davantage se détériorer, dans un premier temps.
Pour S&P Global Ratings, l’effet des premiers relâchements de politiques restrictives ne se fera sentir que dans les prochains trimestres. En plus, des problèmes sont encore à constater au niveau de l’offre. « L’offre pourrait être limitée même si le sentiment des acheteurs s’améliore, car les fonds sont utilisés en priorité pour achever les maisons pré-vendues et rembourser la dette », a déclaré l’agence dans une note d’information, consultée par CNBC. « Les défauts de paiement augmenteront à mesure que le cycle baissier persistera dans l’ombre de ventes stagnantes, de canaux de financement continus plus étroits en raison du manque de confiance. »
Pour Gary Ng, les prix de l’immobilier ne devra pas fortement augmenter non plus. Pékin montre des signes de relâchement pour le secteur, mais continuera à empêcher la spéculation. Cela va représenter un manque à gagner pour les entreprises, et donc, dans cette situation financière tendue, un risque de défaut de paiement de dettes.
Pour S&P également, la spéculation, c’est fini. « Sur le long terme, la politique sera guidée par le principe selon lequel ‘le logement est fait pour vivre, pas pour spéculer’. Les nouveaux modèles économiques devront, au moins dans une certaine mesure, correspondre à cet objectif. »
Le modèle économique des entreprises, avant le serrage de vis de 2020, était basé sur la spéculation. Le secteur économique observait une très forte croissance, ce qui permettait d’attirer de nombreux investisseurs et de signer d’importants prêts. Mais les analystes s’accordent à dire que celle-ci appartient désormais au passé.